Commencez si possible dès le petit déjeuner. Prenez le premier prétexte venu pour vous énerver. Par exemple, contestez une remarque anodine de votre mari sur le code de la route. Discutaillez sur l’importance de l’infraction entre rouler en permanence sur la bande du milieu ou dépasser par la droite. Piquez une colère parce que vous ne supportez soudain plus les “Mais je te dis que…” exaspérés du mari. C’est un bon début, le mari boude et lit sur son lit. Descendez zapper sur les 3-4 chaînes portugaises et hésitez en permanence entre la messe du dimanche retransmise depuis une église à deux pas d’ici et la finale de beach volley Portugal-Brésil également à deux pas d’ici.
Si vous êtes le mari boudeur, faites bouillir les marmonnements sous couvert de lecture; prenez ombrage de l’éternité passée par vos deux filles dans la salle de bains et décidez que le petit maraîcher du coin ferme à midi puisque c’est dimanche. Et puisqu’elles ont mis les parents en retard, décrétez qu’elles iront elles-mêmes approvisionner la famille en fruits et légumes et surtout surtout en pain. Parce que rien n’est plus en rogne qu’un homme sans pain. Lorsque vos filles se décident enfin à descendre sur la place du village, décrétez qu’elles sont incapables de choisir des fruits et des légumes correctement. Allez-y vous-même. Mettez ainsi dans l’embarras votre fille aînée qui comptait utiliser cette pseudo-obligation pour acheter des cigarettes après deux jours de sevrage (ce qui ajoute à l’ambiance générale !).
Déjeunez rapidement et sans enthousiasme. Evitez surtout d’échanger quelques mots agréables.
Décidez-vous
enfin à une petite activité touristique d’après-midi. Perdez-vous un peu en
cours de route. Même madame GPS fait tout pour pourrir l’ambiance. Arrivés à la
billeterie d’un château à visiter, décrétez que la culture devrait être
gratuite pour tous et que vous n’allez pas payer pour cela. Mais que ceux qui
veulent y aller peuvent y aller.
Si vous faites partie de ceux qui veulent y aller, dites-le mais sacrifiez-vous, ça fait partie du scenario, sinon vous ne pourrez pas râler.
Revenus au village plus bas, qui se visite gratuit lui, faites une légère remarque désagréable pour que le mari parte du côté opposé. Suivez-le après quelques instants, dépassez-le et ne vous arrêtez pas quand il vous demande ce qui ne va pas. Le plaisir ne serait plus le même. Avancez d’un bon pas, puis errez un peu. Au bout d’un moment, optez pour un retour vers la voiture si vous constatez que personne ne vous a suivie.
Retrouvez vos enfants à un carrefour qui ont maintenant perdu leur père. Continuez ce jeu de l’oie jusqu’au retour à la case départ.
Inversez les rôles. Prenez la chambre et le lit en ôtage et un bon bouquin. Il prendra la télé et la zappette. Laissez les enfants préparer le dîner. Passez à table. Mangez sans appétit. Ne vous laissez pas attendrir par les enfants médiateurs, casques bleus exemplaires. Quittez la table et retirez-vous dans vos boudoirs respectifs.
Si vous êtes décidée à mettre un terme à ce jeu-là, prenez la porte et tentez de trouver le chemin de la plage. Il y a gros à parier qu’après dix minutes, il prendra la voiture et vous cherchera …. sur le chemin de la plage. Il est trop tard pour le coucher du soleil mais le ciel est encore légèrement rose. Le sable est froid sous les pieds. Le vent est tombé. Dans ses bras, il fait bon.
tiens, ça me fait penser à quelqu'un... merci de ton histoire, si joliment mise en images...
Rédigé par : Emmanuelle | 11 août 2009 à 21:11
Oh la la, moi aussi j'en suis capable ...
Rédigé par : Pat | 11 août 2009 à 21:24
Comme tu racontes bien !
Chez nous, les premiers jours de vacances, les menaces de divorce homme/femme ou parents/enfants étaient systématiques ! Maintenant que nous avons compris qu'il nous fallait quelques jours pour réapprendre à vivre tous les cinq, nous attendons que l'orage passe...
Rédigé par : isa | 16 août 2009 à 23:32