Depuis toute petite, je me sens en milieu hospitalier comme chez moi. Non pas que j'ai fréquenté plus souvent qu'à mon tour en qualité de malade ces lieux généralement peu appréciés de monsieur et madame tout le monde mais pour moi, c'était le "bureau" de mon infirmière de Maman.
Je l'ai accompagnée quelques rares fois quand j'étais enfant et qu'on ne savait pas où me caser, un jour de journée pédagogique ou de vacances mais j'en ai peu de souvenirs. Plus tard, adolescente, je suis allée assez régulièrement la chercher ou la rejoindre.
J'aimais cette ambiance, joyeuse la plupart du temps. Une fois le service du matin passé, les infirmières se retrouvent pour un (deuxième) petit déjeuner. Et autour du café (d'hôpital, comme on l'appelle chez nous, traduisez du jus de chaussettes) et des tartines carrées coupées en triangles, elles se racontaient les derniers potins et les fous rires fusaient.
J'aimais l'odeur de l'hôpital, ce mélange d'éther, d'alcool et de désinfectant et de.... café.
J'aimais la chaleur des couloirs, le côté amidonné de la literie d'hôpital.
J'aimais la grosse pointeuse, juste à côté du réfectoire (on ne disait ni cantine ni cafeteria à l'époque mais réfectoire).
J'aimais le vestiaire des infirmières dans les sous-sols surchauffés, où souvent on rencontrait des petits chats venus se blottir dans la chaleur de l'endroit.
J'aimais par-dessus tout la salle de jeux de l'unité pédiatrique.
J'ai tellement aimé cet environnement qu'à 17 ans, ne sachant que faire comme études, je me suis laissée convaincre d'entamer des études d'infirmière. Je n'étais pourtant pas particulièrement branchée cours scientifiques et mes plantureux échecs en biochimie et en anatomie (encore aujourd'hui, je ne suis pas capable de tout localiser dans le corps humain) l'ont bien confirmé. Mais j'ai aimé les stages qui accompagnent ces études, malgré la fatigue physique que cela représentait. J'ai aimé les rencontres avec les patients et avec le recul, je me dis que ce que je fais maintenant n'est pas bien différent.
Alors quand Anaïs a été hospitalisée deux jours la semaine dernière (rien de grave), je me suis à nouveau retrouvée "chez moi". Et en patientant dans le couloir, à portée d'oreilles du bureau des infirmières, j'ai souri avec nostalgie et ressenti une certaine complicité avec ces femmes en blanc qui commentaient le rapport de relais du soir en s'interrompant toutes les dix minutes pour raconter la dernière de leur fille ou la bonne blague de l'anesthésiste de la veille, entre "la colono du 425, un très gentil monsieur, à jeun pour demain matin", "le canal carpien du 430, une dame difficile" et "les seins du Dr Tartempion, pas un caprice je t'assure, y'a d'quoi !".
J'adore ce texte, parce que j'adore les souvenirs d'enfance. Non que je sois une nostalgique passéiste, mais je trouve que les gens qui racontent leurs souvenirs d'enfance le font en général avec une sorte d'émotion qui nimbe leur regard d'un voile rose...Et le résultat est vraiment très réussi...
Rédigé par : celestine | 28 février 2010 à 01:51
Tout comme Célestine, j'adore entendre raconter les souvenirs d'enfance, et tu humanise tellement ce milieu médical que l'on trouve parfois (à tort) froid !
Rédigé par : ms | 28 février 2010 à 14:28
Tout comme Célestine, j'aime entendre (lire) raconter des souvenirs d'enfance. Tu humanises aussi si joliment ce milieu médical que l'on considère (à tort) parfois comme froid ! J'ai une grande admiration pour les infirmières ... vraiment.
Rédigé par : ms | 28 février 2010 à 14:30
Cela fait souvent du bien lorsque l'on pense "à avant"....moi aussi j'aime les souvenirs d'enfance,enfin chez les autres surtout!!
Rédigé par : françoise | 28 février 2010 à 21:37
Beaucoup d'estime pour cette profession très humaine.
Bel hommage.
Rédigé par : verveinecitron | 01 mars 2010 à 18:11
Célestine, Ms, Françoise: Ah, si vous aimez, je vous en raconterai d'autres, des souvenirs d'enfance, j'en ai plein :-)
Verveine: Et je suis vraiment pleine d'admiration pour ma maman en particulier.
Rédigé par : myosotis | 01 mars 2010 à 22:14