La magie ne s'est pas arrêtée sur le quai de Santa Lucia. Nous avons passé deux jours dans une de nos villes préférées. Nous avons eu la chance de la visiter déjà plusieurs fois lorsque nous habitions l'Italie. Nous avons donc pu, sans complexes, quitter les sentiers trop battus, et nous échapper dans les ruelles abandonnées aux seuls Vénitiens. Et cette belle échappée a ravi le photographe fou qui se cache en l'Homme. Moi, j'ai moins l'âme d'une compagne de Tintin reporter (la preuve, celui-là n'a jamais trouvé de Castafiore à son pied) et le suivre - trois pas en avant, deux pas en arrière - est particulièrement épuisant. Lui avance au rythme de son zoom, moi, j'avance à l'allure du routard ou de n'importe quel autre guide de voyage plus original. J'ai besoin de savoir où regarder, lui sait où regarder; en bonne élève, je cherche à comprendre ce que je vois, compulse les explications, retient la petite histoire; lui, généralement sait tout ça - ou disons presque tout. Bonne fille, je le suis et j'essaye de me repérer sur le guide. Là, j'avais choisi de suivre les "Ballades de Corto Maltese" qui emmènent dans un Venise moins connu. J'ai essayé de prendre en route la ballade correspondant à l'endroit où nous mène Mr Nikon mais son zoom prend bien entendu la ballade à contresens. Comme j'ai pas mal de difficultés d'orientation, quand je dois traduire "tournez à droite" par "tournez à gauche" parce qu'on va à l'envers, rien ne va plus.
Mais Venise reste belle malgré la fatigue et la (légère) frustation.
Comme on a choisi un hôtel pas cher, j'avais dit qu'on remplacerait par un thé ou un apéro dans le bar d'un grand hôtel ou mieux au Harry's bar. On a fait une à une les recettes du livre de Harry Cipriani et je voulais goûter de mes propres papilles si on était vraiment loin du compte.
Quand on dit à un homme: "Ca te dirait d'aller boire un verre au Danieli ?", vous les femmes, vous traduisez "Ca me plairait d'aller boire un verre au Danieli !", non ? Et bien, un homme comme le mien, non, il comprend "Ca te dirait d''aller boire un verre au Danieli ?" et il répond "Non, pas vraiment." Dans un premier temps, on se dit: "Ok, pas maintenant, y'a justement le soleil qui se pointe, c'est le moment idéal pour les photos, ça donne une autre luminosité, etc...". Deuxième essai: "Ca te dirait d'aller boire un verre au Danieli ?" - "Non, pas vraiment." Troisième essai:..../.....
Bon, là, faut que je pleure. Facile, je suis crevée, j'ai mal aux pieds, mal à la hanche, j'ai froid, très froid. Je dois même pas jouer la comédie, ça coule tout seul. L'homme n'aime pas ça du tout, les larmes. Il marche silencieux, je le suis. "Où on va ?". "Ben, au Harry's bar puisque c'est CA que tu veux" soupire-t-il. Ah, c'est malin. Je vais arriver là avec des yeux de grenouille, ça va pas le faire.
Il a été séduit - comme toujours - et on a même réservé une table pour le soir. C'est pas donné mais c'est notre anniversaire de mariage aujourd'hui, que diable ! Seul hic, il faut patienter encore deux bonnes heures et pas question de retourner à l'hôtel, trop loin, on aurait juste le temps d'entrer et de sortir, même pas le temps de s'habiller, se maquiller et se recoiffer. Bon, qu'à cela ne tienne, je ferai avec les moyens du bord. Mais il va encore falloir marcher deux heures ??
Et le soir, j'ai eu le point d'orgue de mon cadeau d'anniversaire, petite crème catalane sur le gâteau, devinez qui dînait à la table voisine avec deux autres Espagnols et un Italien ? Un des trois ténors, José Carreras, él mismo. Je ne l'ai pas reconnu tout de suite mais son visage m'intriguait. Quand j'ai compris, je n'ai plus pu quitter ni son visage ni leurs conversations. Je sais, c'est très impoli mais je fais ça discrètement. Parce que je suis une pipolette invétérée. Je me fiche comme de l'an quarante de ce que raconte la presse pipole mais en voir un en vrai de près, ça m'a toujours transportée un peu plus près des étoiles.
Alors, oui, vraiment, ce cadeau d'anniversaire valait tous les bijoux de la planète.
Bon, et bien côté jambes, tu n'es pas plus maline que moi. Moi aussi, j'aurai du mal, bien plus que toi, probablement.
Quand au fait de considérer que le cadeau d'anniversaire est plus la présence de ce ténor que la compagnie de ton mari, en ce lieu "no comment", je te comprends.
Rédigé par : salpiglossis | 19 avril 2010 à 10:06
ça y est, je suis jalouse :-)
Rédigé par : isa | 19 avril 2010 à 14:37
By the way, as-tu lu "seule Venise" ?
Rédigé par : isa | 19 avril 2010 à 14:38
Ton article m'a bien fait rire et m'a fait penser au spectacle "Les hommes viennent de Mars et les femmes de Vénus". C'est tellement vrai... Et merci pour cette découverte de Venise.
Rédigé par : Un petit Belge | 19 avril 2010 à 21:42
J'ai lu tes deux derniers posts à la suite... et moi aussi je suis jaaaalouse !!!
Je ne connais même pas Venise... donc la découverte se fera grâce à l'Orient Express ou pas du tout, na ! Et avec un prince charmant qui devancera tous mes désirs....
Ouais... je sais... je rêve !
Veinarde,va !
Rédigé par : liaht | 20 avril 2010 à 10:21
J'te jure, ils ne comprennent pas vite !!! Ravie pour toi, tu donnes envie :)
Rédigé par : ms | 20 avril 2010 à 16:49
Salpiglossis: J'ai dit que le ténor c'était la cerise sur le gâteau, mais le gâteau, cela reste mon mari :-)
Isa: Non, pas lu, mais ça m'a l'air bien. Ca l'est ?
Petit Belge: Oui c'est tout à fait ça :-)
Liaht: Alors, Venise, au moins une fois dans ta vie. Je te le recommande. L'Orient-Express, ça c'était plutôt un rêve perso :-)
Ms: Tu sais de quoi je parle, n'est-ce-pas ?
Rédigé par : myosotis | 20 avril 2010 à 21:51
wouaouh, je suis chipée! j'adorerais vivre ce que tu as vécu. C'est un de mes vieux rêves kitsch.Je ne suis pas près d'y renoncer!
Rédigé par : celestine | 21 avril 2010 à 01:18
superbe description d'un voyage de rêve dans un paysage de rêve et une ville de rêve avec un... homme tout court! un vrai quoi, comme le mien, tout craché, pareil de chez pareil: lui les photos et la traine (ou l'allure martial qui m'aime me suive, m'enfin je ne vais même pas vite), moi le guide et la gestion des enfants :-)
Et Carreras, c'est sympa: ça n'a pas rendu monsieur jaloux de ne plus être le centre de toutes tes tendres attentions?
(PS: j'ai l'impression d'avoir écrit au moins deux comm sur le billet précédent???)
Rédigé par : delphine | 21 avril 2010 à 13:40
argh..j'en bave sur mon clavier..
oh.;retourner à Venise..avec le train bleu..un jour...
tiens cette année 25 ans de mariage..oserai-je?
l'an dernier c'est moi qui faisait les photos...
Rédigé par : co de contes | 22 avril 2010 à 08:29
Delphine: Ah, ces hommes :-)
Non, non Carreras ne l'a pas rendu jaloux. Il a l'habitude ;-)
Tes deux commentaires précédents ont pris la poudre d'escampette, je ne les ai pas vus.
Co: Ben oui, c'est ce que je voulais pour les 25, l'année dernière. On a fêté les 26 à Venise, c'est aussi bien :-)
Rédigé par : myosotis | 22 avril 2010 à 15:25
Je n'ai fait que passer à Venise, mais le Harry's Bar, oui, tu as bien fait de menacer de bouder si tu n'y allais pas!
Les hommes ne sont pas subtils, hein?
Rédigé par : Edmée De Xhavée | 26 avril 2010 à 12:49
Belles photos. J'adore voyager et de cliquer sur les photos de la beauté de natures. Ce sont quelques-unes des images rares affiché ci-dessus. Je suis allé à Costa Blanca année dernière et a été étonné par la beahes beautiul et villas de luxe de rester. Ce fut un voyage rafraîchissant. Merci de partager vos expériences.
Rédigé par : villa calonge | 09 janvier 2012 à 11:58