Aujourd'hui, examens pré-opératoires et rencontre avec l'anesthésiste. Il est en retard, arrive juste assez essoufflé pour qu'on lui pardonne, sourit juste assez pour qu'on le trouve sympathique et remercie d'avoir accepté le changement de rendez-vous de dernière minute, juste assez pour qu'on le trouve élégant.
En plus, je le trouve pas mal du tout. Ma soeur me traite de midinette. Mais quoi, tant qu'à s'endormir, autant que ce soit sur une belle image.
Il pose toutes les questions d'usage, maladies, antécédents, médicaments, allergies, anomalies, lunettes, lentilles, fausses dents, tabac, alcool, "habitudes toxiques" (joliment dit, hein ?). Rien de tout ça. Juste des angoisses par rapport à la perte de contrôle. "C'est sûr, tout le monde a peur". Non docteur, moi, j'angoisse. Je menace de prendre la poudre d'escampette dès qu'on m'installe sur la table d'opération. Il note sur la fiche destinée aux infirmières qui me prendront en charge à mon arrivée: 1/2 Xanax.
Il me rassure en disant: "C'est comme si vous preniez l'avion. Quand vous montez dans l'avion, vous perdez le contrôle. Vous vous en remettez au pilote. C'est lui qui a le contrôle, il suffit de vous laisser conduire. En salle d'op', c'est moi le pilote." D'accord, j'essaierai d'y penser. Bienvenue à bord.
Mais docteur, je rigole pas, hein, j'ai vraiment des angoisses. Il biffe 1/2 Xanax et remplace par 1 Xanax entier. Bon, j'aurais peut-être rien dû dire, pour le coup, je vais vraiment dormir et ne pas le voir du tout.
Le soir, comme je suis curieuse, j'ai été vérifier sur Face de bouc qu'il avait vraiment tout le sérieux d'un bon pilote, pas trop low cost.
Il aurait dû me dire qu'il était plutôt voile et qu'il avait fait une course de voiliers avec un de nos amis de longue date. Moi qui ne sais pas nager, cela m'aurait encore plus rassurée.