Voilà donc la deuxième qui atteint le quart de siècle. Après Maïté, il y a 16 mois, c'est Anaïs qui coupe le siècle en quatre. Pour ne pas faillir à la tradition, nous passons la journée ensemble. C'est notre journée. Après tout, elle fête son arrivée sur cette planète mais ensemble, nous fêtons un moment qui n'a appartenu qu'à nous. Un moment de douleur indicible et de bonheur inimaginable avant de le vivre. La fusion de deux sentiments totalement contradictoires dont la mémoire ne garde finalement que le deuxième.
La veille de son arrivée, je confectionnais amoureusement des coeurs en carton de toutes tailles et de toutes couleurs et je les suspendais dans un bouquet de branches nues pour célébrer la St Valentin. Sa naissance était prévue pour le 11 février. Elle avait un peu de retard et je la souhaitais - un peu bêbêtement - pour le 14. Mais elle a frappé discrètement à la porte le soir du 12. Je me suis précipitée dans un bain, pensant naïvement freiner ses ardeurs pendant 24 heures. Je ne voulais pas y aller, je ne voulais plus sortir de ce bain, au grand dam et stress du papa qui a déployé le peu de diplomatie dont il est capable pour sortir sa baleine bien-aimée de la baignoire.
Je suis arrivée en boudant à la clinique. On a passé la nuit à l'attendre et au petit matin, à l'heure où tout le monde se lève pour aller travailler, elle s'est présentée au monde, de fort méchante humeur ou, pour le moins, déjà en râlant.
Fatiguées toutes les deux de cette longue nuit difficile, nous avons dormi une bonne partie de la journée. Moi, j'aurais bien dormi la nuit suivante aussi mais elle, elle ne l'entendait pas de cette oreille et elle a adopté un rythme qui ne correspondait pas vraiment au mien. Nous avons vécu toutes les deux sur ce mode asynchrone pendant quelques mois et nos deux hypersensibilités combinées n'ont pas amélioré le tableau.
Mais quand les tempêtes se sont apaisées au bout de quatre mois, l'attachement viscéral qui nous lie est devenu indestructible et je n'en reviens pas que nous ayons déjà passé 25 ans ensemble, tant le temps nous a filé entre les doigts.
Dans quelques mois, elle quittera le nid et ne vivra plus sous mon "moi" mais d'un coup d'"elle", on saura où se trouver.
Cette photo est vraiment très jolie (où les pommettes aussi sont assorties) et colle parfaitement à ton texte.
On se souvient du premier jour comme si c'était hier et pfft, l'oiseau s'est envolé. Qu'est ce que ça passe vite ! Bel anniversaire à la belle et des bises pour toutes les deux.
Rédigé par : isa | 13 février 2014 à 21:39
Magnifique photo et texte très émouvant! Bon anniversaire à la belle (non mais cette chevelure!!!)
Rédigé par : floverslebleu | 14 février 2014 à 15:41
Elle te ressemble? Ah, ces poussins qu'on a eu tant de mal à mettre au monde et qui quittent si rapidement le nid! Souhaitons-lui le meilleur à ta grande, que sa nouvelle vie ne trahisse pas ses illusions.
Rédigé par : delphine | 14 février 2014 à 23:31
Très émouvant, Myo, je ne peux entendre ce genre de récit sans verser ma petite larme émue...
Un concentré de bonheur ces enfants, malgré les cheveux blancs qu'ils nous donnent...
Rédigé par : celestine | 16 février 2014 à 00:32
Isa: Merci pour elle. C'est vrai que le temps passe comme l'éclair...
Flo: Tu peux le dire, elle a des cheveux de dingue.
Delphine: Profite bien de tes 3 poussins :-)
Cel: On dit toujours ça, mais sont-ce vraiment eux qui nous donnent des cheveux blancs ? :-)
Rédigé par : Myosotis | 16 février 2014 à 21:33