Une longue soirée, voire nuit d'attente commence. Pour faire suite à une des plus longues journées qui soient.
Bruxelles a son 13 novembre. Ce sera, inscrit à jamais dans les tablettes de l'Histoire, le 22 mars. Le lendemain du printemps. Daech a encore frappé. A l'aéroport puis dans le métro.
Passés les premiers instants de stupeur, on a compté nos troupes. D'abord celle de la famille. Maité était déjà au bureau, Anaïs chez elle, Quentin dans son lit. Sis'Cile, elle, n'a pas pris le métro ce jour-là (Merci Marc de l'en avoir dissuadée). Maelbeek c'est sa station, c'est là qu'elle descend devant son bureau. Quand je l'ai appelée, elle était en train de courir, sur recommandation des services de secours pour s"éloigner de la station de métro. Puis on compte les troupes au bureau, les collègues présents, pas présents, en congé déjà, les malades. On appelle ceux qu'on sait à l'aéroport pour partir en vacances. On demande à ceux qui ne sont pas encore là de rester chez eux s'ils ne sont pas encore partis.
La journée s'annonce grise. On passe la journée à envoyer des messages à tout le personnel, on suit l'info en ligne minute après minute, on console ceux qui pleurent, sous le choc. On ferme les portes, les garages, on les rouvre, on les referme. Les crèches et les écoles appellent les parents pour qu'ils viennent rechercher leurs enfants mais la sécurité refuse au personnel de sortir. Le drame.
Puis, une collègue vient me demander si j'ai des nouvelles de Patricia, une collègue qui nous a quittés pour une autre agence il y a quelques mois. C'est aussi une amie, même si ces derniers temps, les liens se sont un peu distendus. Mais nous travaillons ensemble depuis 21 ans, nous nous sommes suivies partout. Turin, Bruxelles, Parme, Bruxelles. Depuis 1995 jusqu'à novembre dernier, nous avons suivi le même chemin. Je l'appelle, je lui envoie un message. Silence radio. Tout le monde essaye, sans succès. Ses parents, son cousin, sa chef actuelle, ses collègues et anciens collègues et amis. La tension monte. On croit la reconnaître sur une video, on fait des arrêts sur image, c'est elle, non ce n'est pas elle. Les optimistes sont sûrs de reconnaître son visage, son écharpe, les pessimistes sont certains que cette dame assise par terre, le visage crispé de peur et peut-être de douleur, n'est pas Patricia.
Il reste encore un petit nombre de blessés non identifiés. On mise tout sur ça. On ne veut même pas imaginer qu'elle ait rejoint le contingent des morts non encore identifiés. Ou pire des déchiquetés non identifiés.
Qu'elle soit vivante ou non, son portable sonne dans le vide. Quelque part, peut-être dans le métro, sous les décombres. Et elle n'est visiblement pas en état de donner signe de vie à ses parents ou à son fils.
Tout le monde sait que je suis une indécrottable optimiste. Et pourtant depuis ce midi déjà, je n'y crois pas.
Inch'Allah jacta est.
Horrible.
je pleure avec toi.
¸¸.•*¨*• ☆
Rédigé par : celestine | 22 mars 2016 à 23:04
Oh, quelle angoisse! Je ne peux m'empêcher d'espérer, contre toute raison.
Et je suis soulagée que tu sois, avec tes proches, saine et sauve. Courage pour les jours à venir. Bises depuis l'autre côté du monde.
Rédigé par : Lola | 23 mars 2016 à 01:08
Je suis soulagée de vous savoir, toi et tes proches, sains et saufs. J'ai beaucoup pensé à toi hier. J'espère comme Lola que tu auras des nouvelles rassurantes pour ton amie. Bises
Rédigé par : Floverlebleu | 23 mars 2016 à 14:05
Les collègues du Luxembourg sont de tout cœur avec vous et mes pensées t'accompagnent.
Je t'embrasse bien fort dans cette insupportable attente.
Rédigé par : Isa | 23 mars 2016 à 22:07
Je t'embrasse bien fort !
Rédigé par : ms | 24 mars 2016 à 16:45
Affectueuses pensées.
Rédigé par : nathalie | 29 mars 2016 à 11:03