J'en rêvais depuis des années. Mais l'Homme ne voulait pas m'accompagner. Il ne voulait plus en entendre parler. Je n'avais jamais un moment à moi où je pouvais envisager y aller sans lui. Avec mes tous nouveaux mercredis après-midi, l'occasion était toute trouvée. Alors j'ai rajouté un mercredi matin et je suis partie.
J'ai pris le train qui m'a amenée jusqu'à Ostende, puis j'ai pris le tram de la côte jusqu'à Middelkerke, la plage de mon enfance. Je voulais retrouver chaque maison, chaque appartement où, année après année, j'ai passé un bout d'été, avec mes parents, mes grands-parents, mes soeurs et d'autres membres de la famille, en géométrie variable selon les années.
Je n'ai rien retrouvé. Tous les lieux de location où j'aurais pu respirer un peu de parfum d'enfance avaient disparu. Tous les immeubles à appartements qui bordent la côte, toutes les villas en lotissement à l'intérieur des terres, m'étaient totalement inconnus, voire hostiles. Même le Casino, emblème, s'il en est, de cette station balnéaire, a été rasé il y a trois mois. Dépit total.
Seule la Poste Centrale existait toujours. Disons le bâtiment extérieur. A l'intérieur, plus de poste, et surtout plus de cabines téléphoniques insonorisées par de grandes plaques trouées qui me fascinaient, petite, pendant que j'attendais ma grand-mère qui appelait Bruxelles ou peut-être Eupen. Après avoir attendu patiemment que la préposée nous indique la cabine où le numéro demandé nous attendait au téléphone. Qui pouvait imaginer qu'un jour on appellerait la terre entière où qu'on soit, dans son fauteuil, au bord de la mer, dans la montagne ou en pleine brousse à l'aide d'un téléphone intelligent à peine plus grand qu'un jeu de cartes.
Mais cette Poste Centrale a été transformée en Musée d'Histoire de la Côte et j'y ai finalement retrouvé quelques vestiges de mes années mer-veilleuses.
Puis j'ai marché marché sur la plage, sans but, mais heureuse d'être là.
J'ai repris le train, un peu déçue, un peu contente. Perdue dans mes pensées, je ne me suis pas rendu compte que je devais changer de train à Gand et je me suis retrouvée perdue en pleine campagne flamande entre Gand et Anvers. J'ai prévenu l'Homme, un peu dépitée et lui qui n'écoute que son coeur de Zorro quand il s'agit de me retrouver, a enfourché illico sa Peugeot Tornado pour un périple de 90 minutes à ma recherche.
J'ai bouquiné au soleil presque couchant sur un quai de gare désert, finalement pas si mécontente de ma journée.
On a tous en nous quelque chose de la mer du nord... C'est émouvant ce voyage vers l'enfance. Et la fin de ton récit est si belle. Finir avec celui qui ne voulait pas y aller! Douceur et romantisme.
Rédigé par : Nathalie | 06 juin 2018 à 18:08
@Nathalie: oui, et finalement, c'était peut-être mieux que j'y aille seule. Je n'ai pas été tentée de m'excuser toutes les dix minutes de l'avoir embarqué là ;-)
Rédigé par : Myosotis | 11 juin 2018 à 12:17
Et bien, moi, c'est Coxyde, la station de mon enfance, et j'ai décidé d'y passer une semaine cet été. Concernant Middelkerke, je trouve vraiment dommage d'avoir rasé le casino car c'était le symbole de la station.
Rédigé par : Un petit Belge | 17 juin 2018 à 19:08