Sur la route des vacances, on oscille entre Radio Nostalgie et l'Info Trafic. Ca roule plutôt bien. Les vieux morceaux s'enchaînent et mon esprit vagabonde. Il y a les morceaux que j'adore, les morceaux qui ne me parlent en rien et puis, il y a les morceaux qui éveillent une image. Toujours la même. Je veux dire, une chanson bien spécifique fait naître un souvenir bien particulier.
Juste quelques-uns, entendus là sur la route:
Like a virgin de Madonna: Je suis à Turin. J'ai laissé mari et enfants à grands regrets à Bruxelles. L'Homme a dit que c'était une opportunité en or, qu'on devait partir, ce serait bien pour les enfants, cette ouverture sur autre chose. Moi, je ne voulais pas mais je me suis laissée faire. Mais il fallait que les enfants terminent l'année scolaire, le temps que je passe la période d'essai. Pas la peine de déménager toute une famille si on ne me gardait pas à l'issue de cette période. Donc, pendant neuf mois, j'ai fait l'aller retour Bruxelles-Turin et obtenu de travailler trois jours sur place et deux jours à distance, histoire de ne pas me priver de trois petits enfants, si petits, que les trois jours hebdomadaires de sevrage me restent encore en travers du coeur, 25 ans plus tard.
Madonna donc. Il faut préciser que ce nouveau boulot n'était que la prolongation du précédent et que je n'étais pas seule à partir. Nous étions 30 collègues à quitter Bruxelles et à nous retrouver pendant quelques temps, logés dans le même hôtel, accolé au bureau, le temps de trouver un logement plus permanent. Trente garçons et filles entre 20 et 35 ans. Tous célibataires et plein de fougue. Sans enfants. J'en avais 35 et 3 enfants. Après le boulot, on se retrouvait tous au bar de l'hôtel. Et Silvana chantait Madonna. Dansait Madonna. Et me subjuguait. Ce morceau reste à jamais associé à cette courte période d'insouciance en contradiction avec mon statut de maman de 3 jeunes poussins.
Roxane de Sting: J'ai 20 ans. La vraie insouciance cette fois. Je ne dois penser à rien d'autre qu'à mes études et mes amours. Je fais des pauses à la cafetaria qui n'est rien d'autre qu'un deux-pièces au premier étage d'une vieille maison délabrée. On boit de la bière, beaucoup, on joue aux cartes, on rigole. On chante aussi. Tout le répertoire des chansons d'étudiants. Et on revisite les tubes du moment. Ro-xaaaaan est devenue Weeeeeb-ster du nom d'un petit bouclé un peu timide qui se faisait chambrer chaque fois qu'il passait le bout de son nez à la porte de la cafetaria. Je ne chante plus jamais Ro-xaaan d'ailleurs mais bien le nom de ce type dont je me demande bien d'ailleurs ce qu'il est devenu.
The battle of Jericho des Golden Gospel Singers: Je suis à nouveau à Turin. L'Homme et les enfants m'ont rejointe. L'Homme fait l'aller-retour entre Bruxelles et Turin à son tour pendant quelques mois. Au printemps suivant, je n'y tiens plus, lui non plus, il prend une pause carrière de quelques années et joue les papas au foyer au grand bonheur de tous, sauf moi peut-être qui aurais secrètement préféré le scenario renversé. Probablement à cause de ce manque des enfants à jamais imprimé dans ma peau. Ce sont néanmoins les années de la vie douce en Italie. L'appartement est vaste, chaque enfant a sa chambre, la terrasse est une pièce de vie à part entière. Le boulot n'est pas simple, j'ai accepté un job au-dessus de mes compétences mais on m'a tellement seriné que je me sous-estimais que j'ai fini par y croire. Je l'ai payé par après mais c'est une autre histoire. En attendant, la vie était douce. Pas d'heures supp', le temps de prendre un cappuccino le matin entre copines/futures sorcières, lunch avec l'Homme le midi, des enfants dorés comme des brioches, gais comme des pinsons, heureux comme des poissons dans l'eau dans cette bulle de bonheur. Le premier ordinateur, les débuts d'Internet, le jeu video en famille - le papa qui joue à Tomb Raider et les enfants qui jouent les supporters sur ses genoux ou dans son dos -. Pas de mp3 encore, mais un lecteur CD à cinq platines, le luxe. Et The Battle of Jericho qui tourne presque en boucle pendant qu'on range la maison, en sautillant au-dessus des rayons de soleil qui rentrent par les porte-fenêtres et baignent la maison entre ombre et lumière.
Bye bye Baby des Bay City Rollers: J'ai 15 ans. Je suis à la mer avec elle. C'est ma meilleure amie. Celle qu'on adore par dessus tout à l'adolescence, qu'on quitte à quatre heures à la fin des cours et à qui on écrit une lettre le soir parce qu'entretemps on a mille choses à lui dire. Ses parents m'ont invitée à passer une semaine avec eux à la mer pendant les vacances de Pâques. On parle jusqu'à plus soif. On se promène, on saute depuis la digue dans le sable, des sauts d'une hauteur inimaginable, on n'a peur de rien à cet âge là. On a repéré deux frères plutôt mignons. Etienne et Stéphane. Elle choisit Etienne, moi Stéphane. Il est né le 1/9, moi le 9/1. C'est un signe indéniable que nous sommes faits l'un pour l'autre. Nous sommes bêtes comme le sont les ados. Elle a acheté une eau de toilette au parfum très frais. Eau jeune. J'adore. Et les Bay City Rollers passent en boucle.
Ce que j'aime ce billet !
Il me parle...j'ai moi aussi des musiques qui me transposent depuis toujours exactement dans le souvenir précis d'un instant. D'une petite tranche de vie qui brille comme un tesson de lumière dans la ouate du temps...
Merci ma Myo pour ce petit bonheur auditif.
¸¸.•*¨*• ☆
Rédigé par : celestine | 18 juillet 2018 à 19:06
@ Cel: D'une petite tranche de vie qui brille comme un tesson de lumière dans la ouate du temps... Je sais définitivement pourquoi j'aime tant te lire :-).
Rédigé par : Myosotis | 19 juillet 2018 à 10:09
C’est chouette de lire ces « morceaux » de vie, portée par ta jolie plume.
Rédigé par : Floverslebleu | 22 juillet 2018 à 21:33
Merci pour ce partage de quelques uns de tes moments de vie ! Je t'ai lue avec bonheur ! Et je me suis dit que tu devrais écrire un roman...
Rédigé par : nathalie | 07 août 2018 à 13:55
;-)
Rédigé par : celestine | 21 août 2018 à 09:38