Un an déjà qu'on traîne cette situation de merde. Comme beaucoup, je sens le poids de toute cette morosité m'écraser. Et pourtant, on est loin d'être à plaindre.
Toujours est-il que je n'arrive plus à écrire vraiment. Alors je laisse la parole copiée collée à Marie Sauvion qui a écrit ce que je voudrais écrire et résume parfaitement mon état d'esprit.
Bien sûr, c’est un anniversaire sans joie — ne parlons pas de bougie, quelle personne sensée aurait l’idée d’en souffler encore en public ? Un an de Covid… Il faut l’écrire pour le croire. Pour mesurer tout ce que nous avons appris depuis ce printemps 2020 où une pandémie nous est tombée sur le coin du nez. Nous savons désormais que, face à des directives ubuesques, nous sommes d’une souplesse à faire pâlir la Nadia Comaneci de 1976. Nous savons que, dans un film de zombies, la puissance France tiendrait vingt-quatre heures. Nous savons que les complotistes vivent parmi nous. Que les scientifiques, nos phares dans la nuit, peuvent perdre le nord. Que lorsque l’on confine les citadins dans leurs clapiers, les oiseaux reprennent du poil de la bête. Et qu’il y a des gens solidaires comme jamais. Depuis un an nous avons applaudi des blouses blanches déterminées, admiré des professeurs vaillants, remercié (pas assez) des caissières héroïques. Nous avons eu mal au cœur devant le JT. Mal à l’âme devant les Ehpad claquemurés. Mal au dos en télétravail, pour les plus chanceux. À l’ère des moocs, nous avons touché les limites de l’enseignement à distance. À l’heure des polémiques sur l’islamo-gauchisme, des étudiants nous ont dit qu’ils avaient faim. Nous savons que la télé bouge encore, qui nous a tenus captifs quatre heures quarante et une minutes par jour en moyenne. Que seuls les livres ont gagné leur statut d’« essentiels » mais que toute la culture le reste à nos yeux. Et qu’elle demeurera un privilège dans ce monde d’après dont on n’ose plus rêver. Nous savons que nous sommes fragiles, que les baisers exigent le « présentiel » et que les autres, vivants et morts, nous manquent. Totalement, tendrement, tragiquement.
Je vais essayer de reprendre la plume, vaille que vaille, mais le coeur n'y est plus.