Kathy m'avait bien prévenue: un enfant artiste, c'est pas la vie en rose. Et nous, on n'en est qu'aux examens d'entrée. Sept jours particulièrement éprouvants (sic le directeur de La Cambre dans une interview publiée dans le Elle Belgique de septembre) au terme duquel une moyenne de 15 candidats sur 200 seront retenus. Cette année, ils ne sont "que" 95 à se présenter. Faut-il en déduire que 7 seulement seront retenus ? Suspense.
En attendant, chaque jour est un défi. Composer un mini magazine; se présenter en une dizaine de portraits photos ("ce que j'ai fait est nul, j'ai vu les portraits allégoriques de C., c'est troop bien, je veux tout recommencer"); présenter son portfolio ("je vais leur montrer ça, ça et ça, je vais "dééééchirer" - ah ben oui, la veille à minuit, elle déchire au sens propre tout un sketchbook pour ne garder que les dessins valables, càd de moins en moins au fur et à mesure que le temps passe); recevoir le matin 2m10 de calicot blanc et concevoir pour le lendemain une impression sur textile; utiliser ce calicot imprimé et une robe achetée aux puces pour créer un nouveau vêtement; défiler avec sa création; préparer un chapeau à partir de papier collant; écrire une dissertation sur un sujet/article donné; dessiner un nu; passer un entretien de motivation. Oufff !
"Eprouvant" assurait le directeur ? Il ne pensait pas si bien dire. Et pas uniquement pour les candidats d'ailleurs. Non seulement Maïté n'a jamais été aussi fatiguée de sa vie (je pense aussi que je ne l'ai jamais vu autant travailler) mais son moral a joué au yoyo pendant toute la semaine. Au rythme de ses éclairs de génie et de ses manques d'inspiration. Et nous, on a épousé les vagues en sens contraire. On l'a ramenée sur terre quand elle se trouvait mégalo-grandiose et on a regonflé son ballon chaque fois que le soufflé retombait.
Le jour de l'impression sur textile, elle n'a trouvé l'inspiration qu'en fin de journée: écrire sur toute la longueur du calicot en caractères d'imprimerie la phrase "Je n'aime pas les impressions sur textile". Bien sûr, à dix heures du soir, elle était loin d'avoir couvert tout le calicot. On a donc coupé la poire le calicot en deux et je me suis mise à ne pas aimer les impressions sur textile.
Le lendemain, c'est le père qui s'y est collé. Maïté a toujours du génie (malheureusement aussi jamais très tôt le matin) mais elle est nulle techniquement (un peu comme moi et les gâteaux - sans lui je ne suis rien). Heureusement que son père est là pour lui rappeler qu'une manche n'est pas simplement un tube de tissu.
Ceci dit, la réalisation était superbe et le calicot imprimé était génial de provocation. Elle a plu. Elle est préselectionnée. Restent encore la dissertation et le nu. On ne sortira le champagne que lorsqu'elle sera vraiment reçue. Mais on est déjà très fiers de ce qu'on elle a fait.
Et vaguement effrayés par l'année scolaire qui nous attend. Kathy parlait de "nuits entières". Aaaargh, nous qui voulions cinq enfants et qui nous sommes arrêtés parce que nous ne voulions plus passer de nuits blanches.
J'aimerais bien voir le vêtement fini! Photo?
Rédigé par : Lola | 13 septembre 2007 à 21:16