Ce n'est pas mon papa. Et il n'est même pas hyper beau. Mais il a le charme gouailleur d'un "ketje de Bruxelles". Presque toujours de bonne humeur, il n'aime rien tant que taquiner. Moi, les enfants, n'importe qui, une vendeuse dans un magasin, un patron de restaurant, quelqu'un dans la rue qu'il ne connaît ni d'Eve ni d'Adam. En voilà un qui a la tchatche depuis toujours. Pour le faire taire, il faut franchement le fâcher mais il faut vraiment le vouloir pour le mettre de mauvaise humeur. Mais si c'est le cas, il peut bouder pendant plusieurs jours d'affilée.
Quand ils étaient encore cinq à la maison - chien compris -, avant que Claude ne se marie, il avait coutume de se considérer comme la "cinquième roue à la charrette". Depuis plus de 20 ans, ils ne sont plus que quatre à la maison - chien compris- mais il se considère toujours comme la "cinquième roue". Il n'est pas compliqué, il ne discute pas les exigences de sa femme et de sa fille mais il fait ce qu'il veut. Elles peuvent râler, tempêter, réclamer, il ne se plie qu'à ce qu'il veut bien accepter de faire.
Les années passent et, avec l'âge, Claude lui ressemble de plus en plus par certains côtés:
- la tchatche à tout va. Ils peuvent palabrer des heures sur un sujet, n'importe quel sujet; ils ont un avis tranché sur tout. Mais ils pourraient tout aussi bien défendre le point de vue contraire s'ils n'avaient des principes aussi solides
- une façon très personnelle de lire un livre en s'enfermant dans leur bulle où rien ne peut les atteindre ni les distraire
- une intégrité et un sens de la justice peu communs
- une générosité incomparable
- une fidélité exemplaire reposant tout autant sur leurs principes que sur leur amour inconditionnel
On se vouvoie encore après 30 ans, il ne m'a jamais considérée comme sa fille mais comme sa belle-fille. Comme moi, je ne le prends pas pour mon père mais pour mon beau-père. Mais cela ne diminue en rien l'affection mutuelle que l'on se porte.
On a fêté ce soir ses 80 ans. Avec Maïté en bout de table, ils faisaient ensemble un joli siècle à regarder.
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