Je voulais un p'tit frère
Ils ne l'ont pas compris
Il leur était pourtant facile
Selon mes arguments
De me faire un frérot
Céci-ile, ma soeur
Vendredi 13 (évidemment!) mars 1970. Il fait encore nuit, ou bien est-ce déjà l'aube ? Je ne sais plus. Mais Papa rentre doucement et fiévreusement tout à la fois, me réveille juste assez pour que je comprenne qu'"ils" partent à la maternité. Je me retourne dans mon sommeil mais j'ai compris. Mais à 10 ans, cela ne m'empêche de me rendormir.
Il rentre quelques heures plus tard, guilleret, pour nous conduire à l'école. Evidemment, on arrive en retard. Et je n'aime pas ça. Je dois passer devant toute la classe et présenter mes excuses (c'est l'usage) pour ce retard. Bienveillante, la maîtresse me demande quelle est la raison de ce retard et je lui répond, maussade: "J'ai une petite soeur...". Etonnée, elle n'a pas compris mon manque d'enthousiasme. Moi, je voulais un petit frère. Une soeur, j'avais déjà.
Je n'ai jamais compris pourquoi. Je crois que je voulais un petit frère par souci de conformisme à la famille standard, genre "Martine à la maison". Mais pour le reste, je ne sais pas du tout ce que j'aurais pu faire d'un petit frère. Un grand frère, oui, ça, ça pouvait servir. Pour le côté protecteur par exemple. Mais un petit ? Il faudrait attendre qu'il ait 16-17 ans et 15-20 cm de plus que moi pour que ce côté se développe. En attendant, c'est juste bon à enquiquiner ses soeurs, un petit frère.
Je n'avais franchement rien à gagner et cette moue boudeuse à l'annonce de la naissance de Sis'cile n'était qu'un caprice de plus.
Merci les XX de Papa, rien de tel qu'une petite soeur, jolie comme une poupée, même 38 ans plus tard, dont je peux dire avec une fierté un chouia maternelle à ceux qui me demandent "Euh, Cécile P. c'est de votre famille ?" "Oui, oui, c'est ma soeur !".
Près de 12 ans plus tôt, une autre famille avec deux filles de 7 et 10 ans (entretemps il y a eu celui qui décédé à 5 jours restera à jamais le "petit frère"). A peu près la même scène sauf que là les frangines se sont exclamées en choeur "encore une fille"
Le temps a passé, j'ai grandi, et désormais ma grande soeur qui est plus petite que moi me présente toujours comme sa "grande petite soeur" ce à quoi je réponds invariablement "ma petite grande soeur" :-)
Rédigé par : @nn@ | 13 mars 2008 à 21:16
Un beau message d'anniversaire. Mais à travers ces lignes j'ai l'impression que la grosse colère est toujours active alors je me retire sur la pointe des pieds, c'est trop personnel pour que je m'attarde.
Rédigé par : Isa | 13 mars 2008 à 23:04
Non, non, la tempête est passée ;-)
Rédigé par : myosotis | 13 mars 2008 à 23:06
J'avoue t'avoir souvent enviée (je sais c'est pas beau) sans même te connaître (c'est encore plus vilain !) et avoir eu envie de prendre ta place de grande soeur pour en avoir une "petite" comme elle. D'accord c'est plus facile pour moi, elle ne m'a jamais piqué mes fringues ni "rapporté" aux parents sur mes faits et gestes. Mais quand je pense qu'en plus on a pratiquement grandi face à face avenue E. de Béco, il devait quand même y avoir quelque chose d'écrit quelque part !
Rédigé par : Mimi | 14 mars 2008 à 13:55
C'est un lien si particulier qui unit deux soeurs. Avec ma soeur, on s'est beaucoup "crépé le chignon", petites, mais si quelqu'un attaquait l'autre: attention!
Aujourd'hui nos relations sont plus calmes (heureusement pour nos parents^^), pudiques (il y a des choses qu'on ne peut toujours pas se dire), mais on sent la force qui nous lie. J'aimerais bien que ma fille connaisse ça aussi...
Rédigé par : verveinecitron | 16 mars 2008 à 20:33
Mimi: allez, soyons fous, je te la prête. :-)
Verveine: Ah, nous aussi, on s'est bien crepé le chignon mais on s'aime d'autant plus...
Rédigé par : myosotis | 28 mars 2008 à 18:09