24 ans de mariage sont en principe des noces de satin. Il y a 24 ans, nous avons fini cette mémorable journée, après quelques rebondissements de dernière minute, dans une chambre d'hôtel sur notre Grand Place adorée. Il était tard et j'ai très peu de souvenirs du décor, hormis la vue sublime. Nuit très courte surtout. A l'époque, un marché aux oiseaux assez réputé se tenait tous les dimanche matins sur la Grand-Place. On y trouvait surtout des canaris et des perruches mais parfois aussi d'autres volatiles plus tonitruants. C'est ainsi qu'à sept heures du mat', j'ai ouvert un oeil, complètement déboussolée. Dans les oreilles, le chant d'un coq matinal me fait faire la grimace - où suis-je ? -, un oeil parcourt la chambre - vraiment, où suis-je ?? -, l'autre oeil se tourne vers la gauche - mais qui est ce type à côté de moi ?? - . Je le répète, la nuit fut courte, ce qui explique la nécessité d'un temps d'adaptation certain.
Quoi qu'il en soit, je voulais, depuis plusieurs années, retourner en pélérinage dans cette chambre d'hôtel, histoire d'en profiter un peu plus. Ô rage, ô déception.... Cet hôtel était-il donc si minable ? Le couvre-lit n'a pas changé depuis 24 ans. La fraîcheur de la moquette et des fauteuils en dit long sur toutes les nuits de noces ou non, tous les touristes passés par là pour une nuit ou deux.... Le plafonnier est orphelin d'une ampoule sur deux, la lumière blafarde alourdit le tableau. Le matelas est franchement mauvais. Bon, ben, au moins on a une belle vue sur la Grand Place et l'Homme peut sortir son zoom. Oui mais, petite groseille sur le gâteau, sa tarte de femme a malencontreusement fait choir l'objectif il y a deux semaines, lequel a donc été emmené en urgence à la clinique des grands photographes et s'y trouve encore en convalescence. L'objectif de remplacement est nettement moins performant et l'Homme n'est pas content.
Alors voilà. Rebelote, nuit très courte et mauvaise. Des fêtards au verbe haut et fort à toutes les heures de la nuit. Plus de coq à l'aube mais les camions-poubelles qui viennent charger les restes de daube des chefs-coqs de la place, suivis du ballet des camions-balais bruyantissimes.
Pèlerinage accompli, on rentre chez soi. Au moment de payer la note (ben oui, même ratées, les commémorations ont un prix), l'hôtelier nous a gentiment gratifié d'un "Alors, on est en touriste à Bruxelles ? Je peux vous recommander le Sablon, etc....". J'ai joué le jeu, je n'ai pas eu le courage de lui dire: "Euh, non, on rentre chez nous (à 300 mètres - si, si -), les enfants nous attendent...."