En passant par la pesanteur.
Le demi-siècle se profile à l'horizon. Et la métamorphose s'amorce. Je la sens venir doucement. La légèreté qui m'a habitée jusqu'ici s'évapore petit à petit. Je prends du poids dans tous les sens du terme. Mes pieds s'ancrent de plus en plus dans la terre ferme.
Cette impression sourde d'avoir passé, non sans regrets, une trentaine d'années dans la légèreté, papillon superficiel, contente du simple bonheur d'avoir tout, toute une famille au-dessus, en-dessous, en pleine forme, des enfants superbes, heureux, gais, un mari superbe, heureux, gai et fort, des amis, des boulots sympas, pas de soucis ou si peu. Des lectures légères, Cosmo, Elle, Voici, Voilà, Ola et Comment ça va ? Peu de plomb dans la cervelle, le coeur en bulle de savon. Une boulimie de tout, gourmande et gourmette. A déguster, lire, visiter, voir, écouter, danser, sans jamais être rassasiée.
Et voilà que le manège ralentit. Après s'être accéléré dans un tourbillon de plus en plus fou à me donner le vertige de tant d'envies.
Que s'est-il passé ? La pesanteur physique m'entraîne-t-elle à ce point vers le bas ? Les grands enfants, grands tourments pèsent-ils si lourd dans la balance de mes soucis ? La sagesse me gagnerait-elle ?
Mes désirs de voyage se calment comme après une tempête, j'accepte que je ne lirai pas tout, quoi qu'il arrive, ne rien faire ne m'angoisse plus autant qu'avant, les magazines légers ne m'amusent plus que très mollement, ....
Est-ce vraiment la sérénité qui s'installe ? Je ne me mesure plus aux jolies trentenaires fraîches et alertes, je pointe dans mon collimateur les vieilles dames dignes et élégantes. Je me suis surprise à recommander à l'homme de préparer notre vieillesse.
Cet état un peu particulier est-il passager ?
Am I actually out of gas ? Should my youth already rest in peace ? Am I really over the hill ?
Non, c'est juste un palier, plus ou moins important, c'est selon, et puis on passe à la marche suivante et on se redécouvre une nouvelle frénésie de tout "parce qu'un jour il sera trop tard pour ça ou ça..." Mais une fois passée sur la marche suivante, vous verrez, la vie est belle et s'éclaircit encore quand les poussins quittent le nid familial et que l'on retrouve son amoureux des débuts...
Bonne chance pour "le passage du palier"
Rédigé par : Desbeaumes | 07 mai 2008 à 07:45
Devant franchir fin juillet le cap du demi siècle, vos mots trouvent un écho particulier en moi, surtout qu'il y a déjà quelques temps que la chanson jointe m'a toujours beaucoup émue
http://fr.youtube.com/watch?v=BHnKhdUhgOU
Mais si il y a une chose à retenir c'est que cette pesanteur physique qui s'installe doit nous apprendre non pas à renoncer mais à faire preuve effectivement d'une certaine forme de sagesse qui veut que l'on devienne non plus gourmand mais gourmet... et soi-même non une piquette mais un grand cru chargé de toute la richesse des années et de ce l'on aura appris.
Les grands vins tels que les Sauternes ne proviennent-ils pas de raisins atteints de ce qu'on appelle la pourriture noble?
Rédigé par : @nn@ | 07 mai 2008 à 10:27
Je suis un peu étonnée de lire légèreté et superficialité connaissant ta boulimie, ou plutôt ta curiosité pour tout, qui ressemble tant à celle de ta maman -et qui me semble loin d'être superficielle-. Mais parfois ce tourbillon de la vie a sans doute besoin de reprendre son souffle, pour mieux apprécier la musique...
[En tous cas, maintenant je sais ce qui m'attend ;-)]
Rédigé par : Isa | 07 mai 2008 à 19:59
Il est sans doute normal que l'on ne soit pas la même à 50 ans qu'à 30 et cela ne doit pas être évident de "lâcher" ce qu'on a été. Mais si cela peut te rassurer, moi, à te lire, je ne la sens pas cette pesanteur. Au contraire, j'ai toujours plaisir à lire tes messages où l'on sent l'amour de la vie, de son prochain et une grande curiosité. Bises!
Rédigé par : verveinecitron | 08 mai 2008 à 19:15
Merci les filles :-)
Rédigé par : myosotis | 09 mai 2008 à 22:12