- Papa, autrefois, je me reprochais de changer souvent d'idées; aujourd'hui, je me rends compte que c'est inévitable.
- Tu as raison, mon fils. Le plus difficile dans une discussion, ce n'est pas de défendre une opinion, c'est d'en avoir une.
- Et une seule !
- Oui, car nous avons tous plusieurs personnes en nous. Seul l'imbécile croit qu'il est l'unique habitant de sa maison.
- Comment s'y prend-il ?
- Il a baillonné plusieurs parts de lui et les a verrouillées dans des placards. Du coup, il pérore clairement, d'une voix singulière.
- C'est enviable, non ?
- C'est toujours enviable d'être un crétin.
...
- Oui, fils, nous souhaiterions débiter un discours simple, ferme, définitif, qui nous persuaderait de servir la vérité en tranches. Or plus l'on progresse en intelligence, plus on perd cette ambition; on dévoile ses complexités, on assume ses tensions.
- J'aimerais ne pas me contredire.
- C'est pourtant à cela qu'on reconnaît le crétin, il ne se contredit jamais. Pourquoi traite-t-on de cloches les imbéciles ? Parce que la cloche ne donne qu'un son.
(extrait de Eric-Emmanuel Schmitt - Ulysse from Bagdad)
J'aime ce texte. Il me fait plaisir. Forcément. Parce que souvent, je n'ai pas d'opinion à émettre dans une conversation, un débat. Simplement parce que soit je ne sais pas de quoi on parle (j'ai toujours été assez nulle pour suivre l'actualité et si je sais de quoi on parle, je ne maîtrise jamais les tenants et les aboutissants), soit j'ai plusieurs opinions généralement contradictoires, en fonction du point de vue où je me place. Donc, je me tais et passe pour quelqu'un qui n'a pas d'opinion.
Alors forcément, ça me plait de lire ces quelques lignes qui me font penser que je peux me ranger du côté des non imbéciles, des non crétines. Sachant que je me range toujours malgré tout du côté des non informées, des non renseignées.
En silence, je pense et je suis la conversation.
Bonjour, c'est la première fois que je commente, je crois. Moi aussi je trouve ce petit texte rafraichissant, c'est réconfortant. Et le reste du bouquin est aussi bien?
Rédigé par : Claire | 10 mai 2009 à 12:55
Bienvenue Claire ! J'ai déjà essayé de commenter chez toi mais sans succès, notamment sur ton billet sur "Lignes de faille", livre que j'ai adoré ! Celui-ci est aussi un petit bijou. Je recommande :-)
Rédigé par : myosotis | 10 mai 2009 à 16:01
Moi, à te lire régulièrement depuis quelques temps déjà, je n'ai pas l'impression que tu n'aies pas d'opinions ;-)
Rédigé par : verveinecitron | 10 mai 2009 à 20:40
Merci Verveine :-). Tu n'as pas tort mais en fait, ici, c'est moi qui démarre la conversation :-)
Rédigé par : myosotis | 10 mai 2009 à 21:27
Voilà une bonne occasion de revenir faire un tour chez toi, cnalblog ne me permet pas de repondre a tous les com (j'espere momentanément )!!! Ca me permettra de te dire que tes opinions sans tenants et aboutissants;-) me plaisent toujours beaucoup ! je t'embrasse Myosotis !
Rédigé par : marion | 11 mai 2009 à 13:47
Oh! c'est la même chose pour moi, j'arrive jamais à défendre une position parce que presque jamais j'en ai une et, en plus, j'au peur de me tromper. Nulle aussi en actualité, étrangère aux verités absolutes, c'est difficile à participer au débat... c'est rassurant de ne pas être seule et de trouver un texte qui me convient tellement!! Merci Nicole :D :D
Rédigé par : Meri | 11 mai 2009 à 21:37
Quel plaisir que celui de ta visite, Madame Ma !
Meri, il faut que tu lises ce livre; il est magnifique !
Rédigé par : myosotis | 11 mai 2009 à 22:53
J'apprécie de plus en plus les gens qui écoutent en silence... Ce n'est pas pour autant qu'ils n'ont pas d'opinion (d'ailleurs tu écris que tu en as plusieurs), mais au moins ils ont la faculté de ne pas toujours donner leur avis sur tout et d'être attentifs aux échanges. Un peu comme pour les coms des blogs finalement, ce n'est pas parce qu'on ne commente pas qu'on ne lit pas et qu'on ne pense pas ;-)(à ce propos, j'aurais bien aimé moi aussi commenter chez Claire parfois, sans succès jusqu'alors)
Rédigé par : isa | 12 mai 2009 à 23:33