Une fois le prêt accordé, il ne faut pas croire que tout va rouler comme sur des roulettes. On a d'abord eu le chic de choisir un vendeur qui doit des millions au fisc. Bien sûr, ces messieurs du fisc aimeraient que ce bien parte le plus cher possible et pas pour une bouchée de pain. Bien sûr, le vendeur voudrait bien un petit dessous de table, histoire de garder des miettes du pain retiré de la bouche du fisc. Nous, on ne cède pas la moindre croûte mais tout cela ralentit le processus. Résultat: déniché en juillet, acte de vente en janvier. Pour mes 40 ans. Cadeau empoisonné.
On peut enfin passer dans le vif des travaux. On confie le gros oeuvre à un entrepreneur ami. Qu'on a bien failli perdre en tant qu'ami. Mais bonnes pâtes, on a passé bien des éponges. Toujours est-il que des travaux qui devaient durer 4 mois en ont duré plus de 16.
Et pendant ce temps-là, on dort où, nous ?
Bonne question. On pensait que nous serions "sans domicile fixe" pendant quelques mois. Bonne poire, Sis'Cile a accepté de nous héberger pour ces quelques mois à une condition, qu'on lui laisse le champ libre le weekend. Normal, une jeune trentenaire sans enfants ne va pas s'encombrer d'une famille de 5, le samedi et le dimanche, alors que son âge l'autorise à dormir tard et à se coucher très tard. La semaine, passe encore, mais le weekend, incompatibilité d'horaire. Et nous, nous ne voyions aucun inconvénient à boucler nos valises tous les vendredis soir pour passer le weekend à la campagne ou chez des amis.
Oui, mais. Banque, fisc, entrepreneur, tous se sont ligués pour tripler les 4 mois initialement prévus. Au bout d'un an de Sis'Cile hotel, on a trouvé via une amie une maison vide, à vendre, que les propriétaires en mal d'acheteur nous ont invités à squatter pour qu'elle soit au moins chauffée l'hiver. Entre les deux, nous avons occupé pendant un mois, les appartements de Belle-maman et de Belle-sister, situés l'un au-dessus de l'autre. On a trouvé moyen de les leur ruiner en quittant un matin l'appartement de Belle-sister en laissant le robinet de la baignoire grand ouvert, par erreur, pendant une coupure d'eau matinale. Forcément quand je suis rentrée le midi, les employés de l'eau avaient depuis belle lurette rouvert l'eau et le débit de remplissage de la baignoire étant inversement proportionnel à son débit d'écoulement, calculez en combien de temps l'appartement de Belle-Sister est inondé, en combien de temps l'appartement de Belle-Maman itou et l'appartement de la voisine du dessous idem.
Au sortir de l'hiver, la maison squattée a trouvé acquéreur et nous nous sommes retrouvés contraints et forcés d'emménager dans notre chantier. En d'autres termes, nous avons squatté notre propre appartement. Toutes les caisses du déménagement empilées sous d'immenses plastiques, 3 matelas glissés entre les meubles pèle-mêle rassemblés dans une seule chambre et 3 enfants pleins de bonne volonté qui continuent à accepter de camper sans leurs jouets, leurs livres, leurs CDs, sauf ceux que nous avions récupérés en catastrophe chez le garde-meuble un an auparavant.
Une cuisine constituée de 2 plaques chauffantes sur une table, la vaisselle dans l'évier de la salle de bains (en chantier aussi), une machine à laver dans une verrière encore ouverte à tous les vents (pour rappel, nous sommes en février), des vêtements dans des caisses et des caisses-penderies, de la poussière au plus profond de tout, particulièrement en période de ponçage de parquet, un homme épuisé, fourbu (par la ponçeuse à parquet), des tensions inévitables. Des années d'échafaudage, de ponçage, de décapage, de peinture, au rouleau, au pinceau, à l'éponge, de dorures, d'engueulades, de découragement, de ooh, de aah, de ouïlle, de pfffff, mais pan de mur après pan de mur, de mètre carré en mètre carré, de pièce en pièce, on a fini par construire un nid pas vraiment comme les autres. Genre nid de macareux (le plus grand nid qui existe), nid de mecs heureux, quoi....
(à suivre)
Ben dis donc: la réalité dépasse la fiction ;-))
Rédigé par : verveinecitron | 11 juin 2009 à 22:53
les photos sont belles quand même...
Rédigé par : maïté | 12 juin 2009 à 16:27
que de péripéties ! quel travail ! mais le résultat semble tellement magnifique... On peut dire que vous l'avez mérité votre palais.
Rédigé par : isa | 12 juin 2009 à 22:46