L'année de la pensée magique de Joan Didion
La vie change vite.
La vie change dans l'instant.
On s'apprête à dîner et la vie telle qu'on la connaît s'arrête.
La question de l'apitoiement.
Tels étaient les premiers mots que j'avais écrits après l'événement. […]
Une journée particulière de Anne-Dauphine Julliand
La plupart d'entre nous restent interdits devant la détresse de l'autre. Muets et paralysés. Une chose est sûre, toute parole vaut mieux que le silence gêné, toute attitude vaut mieux que la distance confuse. Parce qu'il n'y a pas de pire épreuve que celle qui engendre la solitude.
Les fleurs de lune de Jetta Carleton
Une feuille bougea. Mais non, on l'avait imaginé ! Mais si, elle bougeait ! Un léger spasme vint agiter le long bouton. Lentement d'abord, puis de plus en plus vite, le cornet vert s'ouvrit et le blanc des pétales commença à apparaître, puis à s'arrondir et à s'élargir jusqu'au moment où, enfin, fut complètement déployée, lumineuse et parfaite, la fleur de lune.
L'homme-joie de Christian Bobin
Deux choses importantes sont arrivées aujourd’hui. J’ai tout de suite su qu’il n’y en aurait pas d’autres. A deux heures de l’après-midi, c’était plié. Deux émerveillements c’est beaucoup pour un seul jour, non ? Le premier miracle c’était la tête du cheval brun chocolat enfoncée dans l’herbe haute noyée de boutons d’or.
La nacre et le rocher de Robert Misrahi
Le sujet libre (cet individu quelconque de la quotidienneté) est créateur de sens. L'individu dans l'instant présent et concret de son activité est non seulement libre de sa décision, mais encore il est "constituant", créteur de sens. Ce n'est pas un paradoxe, ni une proclamation idéaliste. C'est la simple reconnaissance de la totalité d'un acte, fût-il le plus quotidien le plus simple: faire l'acquisition d'un objet, définir un itinéraire, choisir un menu, élire un candidat, choisir un livre, soutenir une cause, c'est toujours à la fois constituer un sens, créer une situation et choisir une possibilité parmi d'autres. Le sujet "constitue" càd définit lui-même (avec d'autres souvent) ce qu'est un menu de terroir, un itinéraire commode, un candidat ami, une cause juste. Chacun en a sa propre idée. Le sujet (chaque jour, tout un chacun) est la source des choses et des situations, et il est aussi, dans le même temps, la source des valeurs et des hirarchies par lesquelles il justifie son action, càd ses choix.
Que voilà de bonnes nourritures pour commencer une journée...on reste en attente du deuxième miracle, moi je le sais parce que j'ai lu le livre...
C'est très intéressant , le point de vue de Misrahi sur la liberté. Ça change de toutes ces théories déterministes déprimantes qui font de l'homme un pantin voué au bon vouloir du hasard et de la nécessité. Ça va sans doute paraître encore prétentieux aux partisans de l'humilité tous azimuts...
Entièrement d'accord aussi avec Anne dauphine. Parler vaut toujours mieux que se taire quand il s'agit d'aider l'autre a vivre sa peine. Les mots sont des baumes irremplaçables, même maladroits. S'ils viennent du cœur, ils seront bien accueillis. Mais souvent on n'ose pas, comme si on était frileux, et anéanti par le malheur au point de ne plus trouver les mots. C'est vrai que dans le malheur, ce n'est facile pour personne.
Tu as eu de belles lectures cet été à ce que je vois. Mens sana in corpore sano, tu vas être parfaite pour la rentrée!
Rédigé par : Celestine | 20 août 2013 à 10:38
C'est une chouette idée de recopier comme ça un passage d'un livre qu'on a lu. Je vais certainement lire le livre de Misrahi.
Rédigé par : Bonheur du Jour | 21 août 2013 à 06:22
Célestine: oui mais - et je ne l'ai pas dit - le cheval marron, je l'ai rencontré en Normandie et j'ai eu le même émerveillement.
Bonheur du jour: J'aimais beaucoup mais ce n'était pas franchement facile à lire, pffff....
Rédigé par : Myosotis | 21 août 2013 à 21:40