Le cri des pierres - Gilbert Sinoué
Ce sont les exigences qui tuent. Les gens amoureux exigent toujours trop l’un de l’autre. En vérité, ils n’aiment que le reflet qu’ils dégagent dans le regard de celui qui leur fait face et, surtout, manquent d’amitié. C’est essentiel, l’amitié.
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Mort dans l'après-midi - Ernest Hemingway
Dans tous les arts, le plaisir croit avec la connaissance que l’on a d’eux.
Le kiosque - Olga Krushin
Allant et venant au travers de son sommeil, comme une aiguille d'argent racommodant vivement le tissu de l'obscurité, la voix cousait les heures ensemble, unissant d'une couture invisible ses histoires à ses propres rêves, ses propres pensées, de sorte qu'il se réveillait souvent la tête envahie d'un flot bourdonnant de visions, en se demandant s'il les avait bien toutes conçues lui-même - sirènes sirotant des boissons mousseuses dans de délicates petites tasses à des terrasses de cafés, cachant leur queue sous des jupes plissées à la coupe complexe; chansons extraites à l'aide d'une cuiller spéciale, incurvée, des spires rosées de coquillages vendus dans des marchés dissimulés au fond des ruelles; poissons rouges languides progressant dans des membres de mannequins de verre aux vitrines luxueuses de quelque grande ville - cette ville lointaine, fantastique, fantasmagorique que la voix hantait toujours, quand elle s'infiltrait dans ses nuits par les fissures les plus infimes.
Pour un jour de plus - Mitch Albom
Mais derrière chaque détail se cache une histoire. Celle qui fait qu'une peinture est accrochée sur un mur, ou une cicatrice sur un visage. Parfois, les histoires sont simples, et parfois, elles sont dures et vous brisent le coeur. Mais derrière toutes vos histoires, il y aura toujours celle de votre mère, parce que c'est tout bonnement avec la sienne que la vôtre commence.
Les désorientés - Amin Maalouf
Je ne juge pas? Si, je juge, je passe mon temps à juger. Ils m'irritent profondément ceux qui vous demandent, les yeux faussement horrifiés : "Ne seriez-vous pas en train de me juger?" Si, bien sûr, je vous juge, je n'arrête pas de vous juger. Tout être doté d'une conscience à l'obligation de juger. Mais les sentences que je prononce n'affectent pas l'existence des "prévenus". J'accorde mon estime ou je la retire, je dose mon affabilité, je suspends mon amitié en attendant un complément de preuves, je m'éloigne, je me rapproche, je me détourne, j'accorde un sursis, je passe l'éponge -ou je fais semblant. La plupart des intéressés ne s'en rendent même pas compte. Je ne communique pas mes jugements, je ne suis pas un donneur de leçons, l'observation du monde ne suscite chez moi qu-un dialogue intérieur, un interminable dialogue avec moi-même.
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Mais la seule chose importante, pour moi comme pour tous les humains, c'est d'être venu au monde. Au monde ! Naître, c'est venir au monde, pas dans tel ou tel pays, pas dans telle ou telle maison.
J'aime beaucoup tes présentations de romans par extraits, ça donne tout de suite l'ambiance d'un livre!
Rédigé par : floverslebleu | 29 octobre 2013 à 13:12
On ne devrait d'ailleurs faire aimer les livres que comme cela. En les citant. En laissant l'auteur faire sa pub lui-même. Avec respect.
J'ai envie de lire le premier, j'aime beaucoup ce qu'il dit de l'amour.
Merci pour ces beaux partages d'automne. mais où trouves-tu le temps de lire?
Rédigé par : celestine | 30 octobre 2013 à 18:29
Flo: J'ai choisi cette approche, surtout parce que je ne sais pas comment résumer au mieux (donnant envie mais sans tout raconter) un livre. Comme tu le fais si bien toi.
Cel: Il y a presque toujours dans un livre un passage qu'on a envie d'avoir écrit soi-même - dans certains blogs aussi d'ailleurs ;-) -. Si tu veux lire le cri des pierres, il faut d'abord lire le souffle du jasmin qui le précède. Je lis dans le bus et avant de m'endormir...
Rédigé par : Myosotis | 31 octobre 2013 à 08:35