Je supporte de plus en plus mal le comportement des gens dans la rue. Je ne peux pas expliquer pourquoi mais je ne tolère plus le simple manque d'attention, de considération. Depuis que j'ai le bras en écharpe, cela me frappe encore plus et me met encore plus en rogne.
Je ne compte plus le nombre de ceux qui traversent devant votre voiture sans le moindre signe de main, d'yeux ou luxe suprême un petit sourire, de ceux qui vous croisent dans la rue et qui regardent au sol, alors qu'on travaille dans le même bâtiment et pour le même employeur, de ceux à qui vous tenez la porte et qui passent en vous ignorant majestueusement, de ceux qui se glissent subrepticement devant vous dans un magasin ou dans une file, l'air de rien.
Je peux me consoler en pensant que ces comportements ne sont pas intentionnels. Les gens sont distraits, la tête ailleurs. Mais je pense plutôt que l'individualisme prend de plus en plus d'ampleur. L'autre n'existe pas.
Il y a quelques temps, Maïté et Quentin ont fait une petite expérience. Ils ont marché dans la rue sur le mode "je suis seul au monde". Et pour une fois dans leur vie, ils ont vu les personnes qui les croisaient s'écarter et leur laisser toute la place du monde. Ils marchaient les yeux au sol ou dans le vague mais ils étaient les rois du monde. Et ils en sont revenus choqués.
Moi qui passe mon temps à accrocher les regards des autres, je vis très mal ce refus du contact visuel. Jouer la femme invisible de temps en temps, ce peut être amusant mais au quotidien, ça use.
Tu as raison, c'est proprement insupportable...
En même temps, il y a des raisons à cela (je ne dis pas des excuses, mais plutôt des explications).
La première, c'est la peur. La peur dans laquelle les médias nous engluent au quotidien. La peur de l'autre, de l'étranger, de l'attentat, de l'agression, de l'insécurité.
La méfiance. L'autre est forcément une menace, un arnaqueur, un voleur, un violeur potentiels. Ou alors, s'il sourit, c'est un hypocrite, qui cherche à nous embobiner. Ou un type pas bien dans sa tête.
La deuxième, effectivement, c'est la montée de l'individualisme. Chacun pour soi, on fonce droit devant, on écrase les autres, on joue des coudes, on veut être le premier.
La troisième, c'est le stress, le manque de temps, la course perpétuelle, personne ne prend plus le temps de s'arrêter, de discuter, ou simplement de dire bonjour.
Bref, les travers de nos sociétés hyper sécuritaires, compétitives et froides ne sont pas très favorables au contact sain et naturel entre les êtres humains.
J'ajouterai (je garde le meilleur pour la fin), qu'en tant que femmes, sourire aux inconnus peut être considéré comme une invitation à la familiarité. Et en tant qu'hommes, sourire à une femme peut aussi être interprété comme du harcèlement.
Ainsi, verrouillés de toutes parts par des préjugés et des blocages psychologiques, c'est un miracle que nous réussissions quand même à entrer en relation...
Persévère, ma mie. C'est toi qui est dans le vrai. Et pour neuf goujats et pimbêches qui te prendront pour la femme invisible, il y aura UN sourire lumineux et clair, un regard bienveillant, qui vaudront la peine de s'être levée le matin.
C'est ainsi que souffrant comme toi de cet état de fait, je parviens toujours à trouver la vie belle et à faire de belles rencontres...
Bisous célestissimes
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Rédigé par : celestine | 07 février 2016 à 23:28
Cel: Bien sûr, bien sûr, je sais tout ça; bien sûr je refuse de céder à ces peurs là. Bien sûr, je continuerai parce que le moindre sourire lumineux et clair vaut la peine de continuer mais quand même, quand même, j'enrage.....
Rédigé par : Myosotis | 09 février 2016 à 22:07