Parce qu'aujourd'hui tu ne peux bien évidemment pas lire mais surtout tu ne peux pas te souvenir. Ou du moins ta mémoire est encore très limitée dans le temps. Tout ce qui se sera passé avant tes deux-trois ans n'aura pas d'existence dans ton album de souvenirs.
Alors je te raconte ces trois semaines que nous avons passées ensemble. Ta maman a eu trente ans et nous lui avons offert un voyage. Ton papa et elle ont choisi de partir en Thaïlande. Ils ont bien hésité à t'emmener mais est-ce vraiment une bonne idée de te faire commencer ta vie de touriste par un voyage de 17 heures, dérégler ta routine enfantine par des déplacements sur place en avion, des changements d'hôtels, des visites dont tu ne retiendras rien de toute façon. Oui mais te quitter pendant près de trois semaines était aussi un déchirement. Leur décision n'a pas été facile à prendre mais ils savaient qu'on prendrait soin de toi comme ils le faisaient et cette pensée les a aidés à faire leur choix. Ces vacances leur ont fait beaucoup de bien mais tes vacances chez nous nous ont fait beaucoup de bien aussi.
Tu as été une petite fille adorable. Souriante, drôle, parfois plaintive, jamais longtemps. T'observer jouer a été un de mes passe-temps favoris. Regarder les enfants découvrir, essayer, recommencer, tâtonner puis trouver est une source de plaisir toujours renouvelé. T'observer manger, découvrir de nouvelles saveurs - tu peux imaginer qu'on s'en est donné à coeur joie ici -. T'observer dormir surtout m'a ravi le coeur.
On a passé trois semaines en plein ravissement. Oh bien sûr, ce ne fut pas de tout repos. On a été malade tous les deux, ce n'était pas vraiment prévu au programme, on a revu nos priorités au niveau du boulot, on a annulé ou reporté toutes nos activités culturelles et sportives. Toutes mes petites routines ont été suspendues. Tout a tourné autour de toi et exclusivement autour de toi.
Ce matin, ton papa et ta maman sont revenus. Tellement émus de te retrouver. Tu leur as d'abord offert un sourire poli - je pense bien vous connaître et vous m'êtes plutot sympathiques - puis très vite, tu as retrouvé leurs bras et leurs câlins.
Ce soir, la maison est vide, mes yeux tombent par hasard sur les petites pantoufles abandonnées et j'ai le blues. Tu me manques déjà. Je retrouve la télécommande que tu as cachée dans une de mes chaussures et je sors les petits canards de la baignoire qui vont retrouver le chemin de l'étagère.
Touchant récit qu'elle découvrira (j'espère ) un jour avec émotion...
Rédigé par : manoudanslaforet | 19 novembre 2018 à 08:37
Oh comme c'est joliment raconté...
Je suis sûre que j'aurai la même lettre à écrire à Sibylle dans quelque temps.
Tu évoques très bien le syndrome des « chic-ouf » mais en même temps, le chic semble l'emporter sur le ouf :-)
Très émouvant, le coup de petites pantoufles...Quand on oublie quelque chose chez quelqu'un c'est qu'on a envie de revenir...
Bisous tendres, super mamie !
•.¸¸.•*`*•.¸¸☆
Rédigé par : celestine | 19 novembre 2018 à 09:33
Elle ne se souviendra pas de ces trois semaines passées avec vous. Mais elles sont gravées en elle, en vous et tissent ces liens qui feront de votre relation, une merveilleuse histoire d'amour.
Ma petite fille a maintenant trois mois. J'ai la chance de pouvoir la garder un jour par semaine et nous la voyons souvent. Je me réjouis de ces liens créés entre nous. Bises.
Rédigé par : Nathalie | 22 novembre 2018 à 20:31