J'ai longtemps hésité. Je ne savais plus si je voulais rester ou partir. Je suis allée la voir le mercredi et je savais en partant que je lui disais au revoir pour la dernière fois. Elle était si faible mais en même temps toujours si présente. Mais je suis partie le lendemain à nouveau pour l'Italie. J'ai pleuré une bonne partie du trajet. Nous avons fait étape à Pontarlier et fatiguée d'avoir pleuré, je suis allée dormir tôt. Sis'Cile a appelé vers 23 heures, je dormais et n'ai pas entendu. Evidemment, je me suis réveillée comme souvent à 1 heure du matin et j'ai vu le message. Elle était partie. Je n'ai pas réveillé l'Homme, cela ne servait à rien. Il y avait des lits pour enfants dans la chambre d'hôte, je m'y suis réfugiée pour pleurer en silence.
Le lendemain, nous traversions les Alpes. J'étais plus sereine, je savais qu'elle ne souffrait plus. Mais j'étais triste, tellement. J'ai installé l'Homme dans un magnifique refuge de montagne et il m'a amenée à Turin retrouver mes sorcières bien-aimées. Elles m'ont portée tout le weekend et j'ai pu sourire et rire malgré tout. On s'est promenées dans les Langhe, à Alba, à Monforte. On a découvert une église sur une place tout en haut du village. C'était juste magique. Un haut parleur diffusait de la musique de jazz, de blues, de reggae. Un instant, il a passé "Every little thing gonna be all right" de Bob Marley. On a pris une video selfie de nous en train de chanter sur la musique. On chantait faux, on riait mais c'était tellement bien. On s'est passé et repassé la video et on se l'est partagée. Elle restera mythique et quand l'une ou l'autre flanchera, on se l'enverra.
Après un weekend d'amitié éternelle, j'ai rejoint l'Homme dans son refuge et on s'est promené en montagne pendant deux jours sous la neige; on a rencontré des bouquetins, des chamois, des marmottes à une distance inimaginable, on aurait presque pu prendre les marmottes dans nos bras et toucher les cornes des bouquetins. C'était fou. Et si on a rencontré dix personnes sur ces deux jours, c'est beaucoup. Un moment hors du temps.
On est rentrés trois jours plus tôt pour les funérailles mais pendant ces quelques jours en Italie, j'ai fait ce qu'elle m'aurait dit de faire: profiter de chaque instant.
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