Ça y est, nous voilà tous les deux démobilisés. On aurait pu s'attendre à une nouvelle lune de miel. Mais c'est mal nous connaître. Pourtant oui, cela ressemble étrangement à nos premiers jours de vie commune. Une période de perturbations atmosphériques assez remuantes. Une perturbation atmosphérique est "une interruption de l'équilibre local de l'atmosphère qui conduit à la formation de nuages et de précipitations".C'est tout à fait ça. C'était le cas, il y a bientôt 40 ans, c'est le cas aujourd'hui.
On se retrouve presque 24 heures sur 24 ensemble. Là n'est pas le problème. Quand on partait en vacances, rien qu'à nous deux, ces dernières années, on était aussi jour et nuit ensemble et cela nous convenait très bien. En vacances, on est plutôt d'accord sur le programme du jour, l'expo à visiter, le resto où réjouir nos papilles. Mais là, contrairement à ce que d'aucuns pensent, nous ne sommes pas en vacances. Et se mettre d'accord sur le programme du jour relève d'une dynamique bien différente.
Le soir où je suis rentrée du bureau pour la toute dernière fois, chargée d'émotions comme un gros cumulonimbus, je n'avais pas envie que l'Homme décide pour nous du programme du lendemain et encore moins envie du programme décidé, à savoir partir à la chasse à la nouvelle voiture ! Bien sûr, il était terriblement stressé à l'idée que la voiture commandée il y a 13 mois était loin de débarquer. Le concessionnaire nous la promettait pour "aujourd'hui peut-être ou alors demain..." ou plus prosaïquement " le 16 mars ou alors peut-être mi-avril" ou aux calendes grecques. Bien sûr, il fallait trouver une solution, la voiture en titre montre des signes de faiblesse et devrait aussi pouvoir prendre une retraite bien méritée. Bien sûr, il m'attendait pour prendre ce genre de décision. Mais de là, à m'emmener dès le lendemain matin en car hunting, beuh, ça ne m'a pas mise de très bonne humeur, déjà que j'avais des yeux de grenouille, j'ai poussé des "quoi !?" de crapaud. Mais bien sûr, je me suis laissée faire.
Ces car-acolades ont duré quelques jours et ce n'est que le lundi que j'ai enfin pu me sentir un peu plus relax. Il est parti une bonne partie de la journée et je suis restée seule à la maison, musique à fond et j'ai cuisiné. Détente absolue. J'avais enfin l'impression d'avoir du temps pour moi.
Le lendemain, on démonte enfin le sapin de Noël (oui, c'est bon, c'est pas encore Pâques, donc ça va, non ?) et tout se passe bien, en musique et dans la bonne humeur. Ça nous prend une bonne partie de la journée mais on travaille en équipe et tout est fluide. On range tout dans le réduit sous l'escalier et on en sort une caisse qu'on n'a plus utilisée depuis quelques années. Je sais qu'elle contient des guirlandes assez démodées, des circuits de lampes et du papier de soie. Mais je décide de l'ouvrir plus tard pour faire le tri.
Aujourd'hui, Maïté passe à la maison et comme j'y pense, je lui propose pour l'école de Sappho les guirlandes démodées. J'ouvre la boîte, elle les voit et les adopte pour son prochain Noël. Restent les circuits et les papiers de soie. Et c'est là que ça se corse. Déjà bien énervé par l'assemblée générale des co-propriétaires du matin, il râle de mon idée subite et de l'ouverture de la boîte. Il décrète que les circuits sont à jeter et le papier de soie à garder. Il a à peine le dos tourné que je ramène les circuits vers le réduit sous l'escalier, parce que peut-être, je vais les tester et s'ils fonctionnent, ce serait sympa à la maison-jardin, dans le grenier, pour les petits. Alors que le papier de soie, franchement, on en a déjà plus qu'assez.
C'était sans compter son passage impromptu sous l'escalier et sa voix de barytonton Donald "Est ce que je peux savoir pourquoi tu as remis les circuits sous l'escalier, j'ai dit qu'il fallait les jeter !". Et que bien évidemment, je me suis énervée et j'ai violemment jeté les circuits à la poubelle.
On se croirait vraiment revenus 40 ans en arrière. Malheureusement, les réconciliations seront plus chastes :-).