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A 17 ans, dans le cadre du cours de religion, l'école a cru bon de nous envoyer en retraite. Quand on a vu le programme qui prévoyait, entre autres, les repas en silence, on s'est toutes rebellées - "Non, mais ça va pas la tête ?" - mais comme on n'avait pas vraiment le choix, on y est toutes allées, en grommelant et ronchonnant sec.
Mais une fois là-bas, dans ce monastère du fin fond des Ardennes, j'ai vu les choses autrement et je suis tombée sous le charme de toute une communauté monastique et en particulier d'un moine d'une cinquantaine d'années, animateur de retraites pour jeunes.
J'ai tellement accroché que j'y suis retournée à plusieurs reprises pendant les retraites d'hiver. Ce type extraordinaire avait le don de secouer, réveiller, mobiliser des jeunes de 15 à 25 ans, désireux de vivre autre chose. Dès que j'ai connu l'Homme, je l'y ai emmené. Ce monastère est devenu notre havre de paix et nous y avons vécu des moments extraordinaires.
Nous y avons même passé une semaine de vacances à repeindre les couloirs et ce fut un moment particulièrement mémorable (l'Homme a réussi à faire tomber un pot de peinture de 15 litres du haut d'un échafaudage de 8 mètres de haut; le moine responsable du chantier est venu aider à éponger en chantant des psaumes pour masquer sa grogne, poussant ainsi le malaise de l'Homme à son comble). Nous y avons formé un groupe d'amis qui, ensuite, se sont retrouvés tous les mois avec un plaisir partagé jusqu'au jour où une discussion houleuse a fini en dispute colossale à laquelle un mien mari, particulièrement intolérant à la bêtise, n'était pas étranger. Nos chemins ont divergé mais certains liens sont restés forts, d'autres plus distendus mais toujours présents.
Ce frère Hugues a été le lien entre nous tous, il a co-célébré notre mariage, il a baptisé nos enfants et nous sommes restés proches de lui, même si c'était plutôt par écrit ces dernières années.
Nous l'avons enterré aujourd'hui et nous sommes retournés "là-bas". L'émotion était très forte pour tous et d'un seul coup, les liens distendus entre certains d'entre nous se sont resserrés. C'était son dernier cadeau.
Très beau texte Myo.
Rédigé par : Un petit Belge | 13 novembre 2010 à 19:34
Et maintenant il vous bénira de là-haut!
Rédigé par : delphine | 13 novembre 2010 à 22:29
Chacun d'entre nous, en réfléchissant bien, retrouve dans ses souvenirs l'empreinte d'un homme d'église qui l'a marqué, par son aura, sa générosité ou son énergie. Longue vie (éternelle) à Frère HUGUES.
Tendrement
Célestine
Rédigé par : celestine | 13 novembre 2010 à 23:32
quel tendresse dans tes mots...
(et moi, je suis curieuse de savoir dans quel coin des Ardennes se trouve ce monastère...)
Rédigé par : Coumarine | 14 novembre 2010 à 10:19
Merci les amis.
Coum': Il s'agit du monastère de Wavreumont près de Stavelot. Un bonheur...
Rédigé par : myosotis | 14 novembre 2010 à 22:22
L'athée que je suis a noué dans les mêmes circonstances que toi une relation d'amitié avec un prêtre qui, je le sais, ne tardera pas à nous quitter... Alors j'imagine bien la tristesse qui est la tienne...
Rédigé par : liaht | 15 novembre 2010 à 16:56