Pas toujours facile d'être DRH dans la fonction publique. A priori, on pourrait penser que c'est bien plus peinard que dans le privé. Oh bien sûr, on est loin des licenciements collectifs, des lois Renault et autres fermetures générales. Et le licenciement individuel est assez rare. Avant, quand le fonctionnaire public était nommé, il aurait fallu tuer père et mère pour se faire éjecter. Aujourd'hui, les contrats ne sont plus signés à vie et tant la performance que le comportement doivent être l'une acceptable et l'autre irréprochable. Ceci dit, si on licencie une personne par an, c'est déjà beaucoup.
Par contre, pour rentrer dans la fonction publique, c'est devenu de plus en plus compliqué. Epreuves écrites, entretiens corsés devant 4 à 5 personnes, diplômes et attestations de travail, certificat de bonne vie et moeurs, un vrai parcours du combattant.
Parfois, on connaît bien les personnes qui se lancent dans ce parcours, on connaît leurs qualités, leur excellente performance, elles ont déjà travaillé avec vous ou travaillent encore toujours là mais sous un type de contrat précaire et on voudrait tout faire pour leur permettre de stabiliser leur situation. Particulièrement en ces temps de crise. Parfois, on est impuissant devant le diplôme qui manque, le nombre d'années d'expérience requis pas atteint, parfois il ne manque que quelques mois, parfois on cherche tous les moyens légaux pour interpréter la règle au mieux des intérêts de chacun. Mais parfois, rien n'y fait et on doit refuser la sélection.
Et puis, quelques semaines plus tard, celle que vous n'avez pas voulu/pas pu recruter fait un accident vasculaire cérébral et se retrouve bras et jambe paralysés.
Et sous le coup de l'émotion, de la colère, la collègue, l'amie proche de la victime, déboule dans votre bureau et vient vous cracher sa haine et son reproche.
Et vous restez seule avec cette haine glaciale, cette tristesse immense pour celle qui est tombée, cette profonde solitude et puis cette colère volcanique à l'intérieur.
Colère contre le système qui nous impose un tel cadre rigide autour du choix des collaborateurs, comme si on entrait à l'Elysée (le paradis de la mythologie grecque, pas le pied-à-terre de Hollande). Colère surtout contre la haine déversée chez moi et uniquement chez moi. Parce qu'on sait que j'accepte tout. Colère contre moi qui accepte tout.
Sa haine l'a rendue malade, elle n'est pas revenue pendant quinze jours. Et j'essaie d'entretenir ma colère pour pouvoir en faire part lundi, si elle revient. Mais je ne sais pas garder la colère, elle me file comme du sable entre les doigts.
Alors je m'entraîne....
Si la colère s'échappe, laisse-la partir. ceux qui avons travaillé avec toi on a tous pû "profiter" de ton empathie. C'est un don et il faut le préserver. Que unos reproches injustos no la estropeen! J'ai connu une fois, au travail, deux personnes avec une humanité hors-norme, je mange avec "eux" mardi prochain ;)
Un beso
Rédigé par : Meri | 11 février 2013 à 00:57
Non, non! Laisse filer ta colère! C'est un poison contre-productif.
Je t'envie beaucoup de cette qualité qui me fait cruellement défaut, parfois...
Rédigé par : verveine | 13 février 2013 à 16:39
Gracias Meri. Mi has hecho llorar :-)
Verveine: elle a filé.... :-)
Rédigé par : Myosotis | 14 février 2013 à 23:10
Eh bien tu vois, moi je jette l'éponge... ils ont réussi à me dégoûter de la fonction RH dans la fonction publique (du moins dans ma DG). Toutes mes valeurs de rigueur, de loyauté, de respect sont mises à mal... j'abandonne la partie.
Rédigé par : isa | 15 février 2013 à 21:08