Winter Blues - Erin Siegel
C'est une semaine de claques qui vient de s'écouler et je suis épuisée. Oh, rien de grave, mais juste une série de vexations juste suffisantes pour vous couper les ailes et grignoter sournoisement toute votre énergie.
Lundi: J'ai à peine mis les pieds au bureau, je n'ai même pas encore enlevé mon manteau - mais déjà allumé mon ordinateur - que le téléphone sonne. Le cadran lumineux n'affiche aucun nom et je décroche sans savoir qui m'appelle. C'est une collègue en difficulté qui ne veut plus travailler dans l'unité où elle travaille, et je croyais avoir tout arrangé en moins d'une semaine. Je lui ai trouvé une autre unité où atterrir, elle était ravie et du jour au lendemain, elle change d'avis. Et elle m'agresse verbalement au téléphone, elle ne veut pas aller là où je lui ai trouvé un point de chute contrairement à son enthousiasme de la semaine dernière, elle s'énerve, elle prétend avoir bien le droit de choisir où elle veut aller. Je suis pressée, j'ai une réunion dans 10 minutes, et elle n'écoute rien de ce que je lui dit, elle continue de revendiquer. Je finis par réussir à la quitter et je m'effondre. Je n'ai pas encore enlevé mon manteau, je suis en larmes et j'ai donné un violent coup de pied à mon armoire. La semaine commence bien.
Mardi: Il rentre dans mon bureau sans crier gare, ferme la porte, me pose une question anodine puis, sans prévenir, me lâche une bordée d'insultes, non pas à moi personnellement mais à "vous, les ressources humaines". Bien sûr, "vous, les ressources humaines", je le prends personnellement. Si on attaque mon équipe, leur travail, c'est à moi que ça s'adresse. Et dans le cas présent, ce n'était même pas ça, c'était plutôt les décisions de la direction qui étaient invectivées mais par le biais de leur messager. Il avait à peine repassé le seuil de mon bureau que, me revoilà en larmes. Deux jours de suite, ça fait beaucoup. Fatigue, fatigue, quand tu nous tiens.
Mercredi: Rencontre avec une formatrice venue présenter une activité de team building à organiser avec mon équipe. Je ne me suis pas méfiée. En deux coups de cuiller à pot, elle a mis le doigt sur mes deux principales lacunes: mon côté maternel et mon incapacité à dire non. Ce qui freine l'autonomie de mon équipe et me met dans une situation de sollicitation permanente à laquelle tout le monde s'étonne - moi y compris - de me voir résister aussi bien. Jusqu'à ce que....
Jeudi: Théâtre pour se changer les idées. Le titre de la pièce est déjà inquiétant: "Shut your mouth !". La pièce nous a démoli le moral. Une accumulation trépidante de répliques « horribles », décalquées de l’intimité de plusieurs couples de notre bourgeoisie moderne. C’est ici et maintenant, chez des gens qu’on croit reconnaître, en situation paroxystique parfaitement imaginable. Un homme et une femme qui s’engueulent, se déchirent, s’envoient des horreurs à la figure : qui n’a pas été le témoin involontaire de ces scènes de ménage dont tout le voisinage peut profiter grâce à une fenêtre ouverte, un jardin mitoyen ou des murs mal insonorisés. On est souvent pétrifié par la violence des dialogues, la charge de la frustration, de la rancœur, de la douleur, de la solitude.
Vendredi: Présentation au personnel des résultats de l'enquête de satisfaction du personnel. La plupart des indicateurs étant en baisse, l'exercice s'annonçait plutôt difficile. Et vu ma fatigue et mon découragement, chaque remarque un peu plus acerbe du personnel m'a découragée encore plus et je n'avais plus qu'une envie: m'enfuir et changer de boulot.
Samedi: J'avais besoin de dormir, dormir, dormir. Mon fils avait envie de sortir, sortir, sortir. A quatre heures du matin, je me suis réveillée pour l'attendre et je ne me suis plus rendormie... Mon énergie est au plus bas. Et pourtant, j'avance toujours un pied devant l'autre. Le soir, cousin, cousine et amis passent à l'improviste et nous finissons la journée au marché de Noël et autour d'un spaghetti improvisé à la maison. Qui parlait d'aller dormir tôt ?
Dimanche: La semaine se termine pourtant en beauté. St Nicolas a décidé de continuer ses tournées dans nos cheminées malgré l'âge indécent de nos enfants. Les valeurs ajoutées ont été considérées comme membres à part entière de ce moment hautement familial et la découverte des cadeaux en pyjama a été remplacée par un brunch digne de Eurodisney. Pour la troisième année consécutive, le grand Saint a aussi gâté les parents et ce moment de douceur et de tendresse m'a donné l'énergie nécessaire à repartir pour une nouvelle semaine de boulot.Je croise les doigts pour qu'elle soit moins "claquante".
Merci ! en te lisant je me sens toujours moins seule ... et ici particulièrement en ce qui concerne les problèmes liés à la gestion des ressources humaines :-) bisous d'un copié-collé !
Rédigé par : Mimi | 09 décembre 2013 à 07:24
Ma pauvre chérie, tu as passé une sale semaine...Le winter blues nous a saisies toutes les deux, je comprends mieux ce que tu voulais dire chez moi. Heureusement que nous avons de la ressource!
J'espère que ton lundi s'est bien passé.
Je t'embrasse.
Rédigé par : Celestine | 09 décembre 2013 à 23:07
Le récit des deux, voire 3 premières journées, m'a rappelé pourquoi
1° je n'avais jamais eu envie de postuler pour la DRH
2° j'avais préféré partir très tôt en retraite, épuisée par le travail d'encadrement où on se fait plus souvent démolir que féliciter
Bon courage parce que ce genre de situations, c'est épuisant moralement
Rédigé par : @nn@ | 10 décembre 2013 à 13:35
Mimi: Toi aussi donc.... Gros bisous Mimi :-)
Cel: La semaine commence plutôt mal, je commence à prendre des médoc pour l'hypertension. Youpie !
@nn@: Et bien finalement, j'aurais mieux fait de réfléchir il y a 20 ans. Et moi aussi, je voudrais bien partir à la retraite fissa. C'est effectivement épuisant moralement.
Rédigé par : Myosotis | 11 décembre 2013 à 13:13