Petit tour en Transylvanie, à la frontière ukrainienne, entre amis (4 couples, 6 enfants), dans les montagnes du Muramures. Cinq jours de dépaysement total.
Le voyage n'a pourtant pas trop bien commencé: après une demi-heure de vol, je me suis réveillée d'un assoupissement léger par une sensation d'étouffement. Le temps de toucher du pied la jambe de l'homme, lui aussi assoupi, et je m'évanouis une petite minute. Le moins qu'on puisse dire, c'est que ni lui ni moi n'étions rassurés. Le docteur Loulou qui faisait partie de notre petite bande est tout de suite venu, m'a fait allonger et a demandé une bonbonne d'oxygène que j'ai gardé sur le nez pendant toute la durée du vol. Pouls faible, pas moyen de respirer normalement, un chouia de panique (on ne fait pas venir l'ambulance en plein vol, on fait quoi alors ?), un rien sceptique quant à la suite du séjour, un peu ennuyée pour les autres aussi. Diagnostic apporté par l'ingénieur aéronautique: les compagnies low-cost réduisent l'apport en oxygène dans les avions pour réduire les coûts. Seule énigme: pourquoi moi et pas tout l'avion ? Mais une fois sur la terre ferme, les couleurs me sont revenues progressivement et l'épisode a été vite oublié.
Pendant cinq jours, on a voyagé dans ce paysage sublime, de tous les verts possibles. Dr Loulou et Claudia nous ont partagé leur terre natale avec un enthousiasme très contagieux. En deux temps, trois mouvements, on s'est mis au roumain de base, on comprenait la moitié de ce qui se disait ou se lisait, fastoche pour des italophones comme nous tous.
L'enthousiasme du Dr Loulou passait surtout par la table et il aurait voulu nous faire goûter tout ce qu'il aime en même temps. Chaque repas est devenu une orgie de ses saveurs d'enfance. On a partagé ses souvenirs gustatifs jusqu'à l'indigestion. Truites, sarmales (feuilles de chou farcies de riz et de viande), mamaliga (polenta), patates et re-patates, lard grillé, fromage, beurre, crème, les ciorba (soupes) de tripes, les saucisses, enfin le paradis du cholestérol quoi, les papanasi, délicieux beignets à la crème fraîche et à la confiture de myrtilles. Et pour tout digérer, la palinca, eau-de-vie de prune qui se boit cul sec en retournant son verre sur la table. Après çà, on revient plus lourd d'au moins 2 à 4 kilos, selon le laisser aller à la gourmandise.
L'enthousiasme de Claudia pétillait plus pour les lieux de son enfance, l'appartement où elle a vécu heureuse avec sa grand-mère ou avec ses parents, ses jeux d'enfant, les montagnes, les églises en bois, le cimetière joyeux où les tombes sont toutes décorées par un artiste local qui peint et raconte en quelques lignes la vie du défunt. Et cette profusion de croix colorées et naïves donne une impression de joie et de vies joliment vécues pour la plupart. Les vieilles églises en bois, magnifiques, en particulier celle qu'une vieille paysanne nous ouvre rien que pour nous et qui de fil en aiguille finit par montrer à Dr Loulou son genou où une vieille prothèse toute déglinguée la fait terriblement souffrir et par découvrir qu'elle jouait enfant avec les parents de Dr Loulou. Le mémorial aux deux millions de victimes recensées du communisme, à Sighetu où on retrouve une photo du papa de Dr Loulou. Les promenades dans les collines de Ruscova, à quelques pas de l'Ukraine. La surprise du groupe de danses folkloriques rien que pour nous, qui m'émeut aux larmes, allez savoir pourquoi. Le voyage en train à vapeur jusqu'au bout de nulle part dans la montagne, moment juste inoubliable.
Chaque moment était précieux, chaque jour, nous en avons pris plein les yeux d'une merveilleuse nature, d'une région restée encore très attachée à ses traditions, d'une explosion de couleurs partout. Jamais nous ne serions allés spontanément dans cette contrée au milieu de nulle part et nous serions passés à côté d'un petit bijou au coeur même de l'Europe au sens géographique du terme.
Ils ont tout organisé, nous n'avions qu'à nous laisser porter. Jamais un tour opérateur ne nous ferait vivre tout l'amour porté à sa terre natale de cette manière.
Multumesc Liviu et Claudia, c'était totalement romanesque !
Quelle merveilleuse escapade...au pays des vampires (tu en as vu ? ;-))
Romantique et superbe, cette description des lieux.
J'ai tremblé pour toi qui as dû avoir si peur dans l'avion. C'est incroyable quand même, de faire des économies d'oxygène...j'en suis ébahie... Quelle époque épique comme je dis toujours.
Des bises très célestes pour toi, ma sister
¸¸.•*¨*• ☆
Rédigé par : celestine | 09 mai 2016 à 18:03
Fabuleux... Je t'envie !
Rédigé par : Isa | 09 mai 2016 à 21:43