Mon école a fêté ses 130 ans. Elle a invité tous ceux qu'elle a pu trouver en ces temps de protection des données. Autant dire que c'est plutôt le bouche-à-oreille qui a fonctionné.
Je suis rentrée là il y a 60 ans. Je ne voulais pas lâcher la main de mon papa et je voulais qu'il m'accompagne jusque dans la classe et qu'il reste avec moi jusqu'à la dernière minute possible. Puis j'ai grandi et j'ai fait ma vie toute seule. J'y ai passé 13 ans de la maternelle à mes 17 ans.
J'y ai été heureuse, sans aucun doute. Y retourner pour fêter cet anniversaire a réveillé tout un nuage de souvenirs visuels et olfactifs. J'ai accepté de suivre Bibi à la célébration eucharistique que le comité organisateur de cette école catholique a voulu intégrer dans les festivités, comme il se doit. Mais comme je ne me sens plus du tout concernée par ce tralala, je suis restée tout derrière, juste à côté du confessionnal. Là, je me suis pris en plein coeur mon angoisse, assise sur une petite chaise, attendant mon tour, cherchant désespérément un péché à confesser et me rabattant invariablement sur la gourmandise. Pour le même prix - un pater et deux avé - je trouvais que c'était le péché le plus avouable.
Sis'Cile est arrivée en retard et m'a envoyé un message "je suis dans le jardin". J'ai abandonné illico Bibi à ses prières et je suis sortie en catimini rejoindre ma soeur vers d'autres souvenirs. Le préau, le tunnel, ah le tunnel que tout le monde adorait, reliant le préau aux escaliers menant au jardin, le jardin, les peupliers ou plutôt le souvenir qu'il en reste, le terrain de tennis reconverti en terrain de basket, avec une pensée émue pour Baba et Bubu, trop tôt disparues, la maison de M. Perino, le jardinier. On a traîné un peu là , on est redescendu, passé devant la statue de la Vierge devant laquelle on priait en rangs tous les matins du mois de mai, le réfectoire si petit, puis Sis'Cile a demandé si on pouvait monter aux étages et là, tout était encore si vivant. Impossible d'imaginer que dès l'année prochaine, il n'y aura plus d'enseignement secondaire dans cette école. Les classes, la salle de rhéto, les chambres des anciennes religieuses encore meublées, les couloirs feutrés, les escaliers si souvent empruntés, tout avait un parfum d'enfance et d'adolescence. Jusqu'aux toilettes :-).
Une fois la messe terminée, on s'est tous retrouvés autour d'une flûte de cava, pour à nouveau échanger nos souvenirs, raconter nos parcours professionnels, nos vies privées en format synthétique (pas le temps de s'étaler sur les 48 ans écoulés) et échanger quelques mots avec la dernière religieuse encore en vie de notre séjour entre ces murs. Celle que je trouvais si belle et que je plaignais de tout mon coeur parce qu'elle avait 30 ans à l'époque et que je ne pouvais concevoir qu'on devienne religieuse si jeune. Et si belle. Elle est toujours belle à 88 ans et très heureuse du chemin parcouru.
C'était un moment hors du temps, plein d'étoiles.
Ha ha ha ! Aller à la confession ! Je me souviens aussi d'avoir cherché mes péchés ! "J'ai menti", j'ai fait mal à ma soeur , ...
De longues années aussi dans l'enseignement catholique mais je n'ai jamais connu les messes journalières, ni le mois de mai en prières !
Par contre, lorsque je suis allée en retraite vers 12 ans, avant notre communion solennelle et autres festivités, je me souviens avoir prié pour que le Seigneur ou la Sainte-Vierge ne m'appellent pas ! Mon père avait une tante religieuse et j'avais peur d'être celle de la jeune génération ! et les récits des apparitions aux jeunes filles me foutaient une trouille pas possible !
Comme tout ça est loin !
Ceci dit, j'ai passé de très chouettes années, même en internat, dans ces écoles !
Merci de raviver ces souvenirs !
Rédigé par : Nathalie | 20 mai 2025 à 14:21
13 ans qui comptent plus que tous les autres...La période où tout se joue...
Je comprends ton émotion à retourner sur ces lieux chargés de ton histoire personnelle...
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Rédigé par : celestine | 20 mai 2025 à 19:58