On a laissé passer quatre mois depuis son décès. Pas l'énergie pour ça, Venise, les pioux à garder, les travaux de la cuisine. Mais surtout, on pouvait se le permettre, on continue de payer le loyer dérisoire, et ma belle-soeur n'était pas vraiment en état de penser à cette étape.
Mais bon, même dérisoire, on ne va pas payer ce loyer indéfiniment et il faut prendre son courage à deux mains et ouvrir ses armoires. Les filles sont venues nous aider. L'homme a trouvé l'exercice difficile. Retrouver des photos, des souvenirs des grands-parents, l'étole en renard de sa maman, le vieux drapeau belge parfaitement plié, les pipes et la boite à tabac de son papa, mille et un objets que l'on garde, emballés dans du papier de soie ou dans des boîtes en carton qui n'ont plus été ouvertes depuis au moins un demi-siècle, tout cela l'a passablement remué. Il ne veut pas voir la bague de fiançailles de sa maman à mon doigt et je le comprends. Au doigt d'une de ses filles, cela le dérange moins. Et les filles sont heureuses de porter un bijou de leur grand-mère. Pour elles, l'exercice est plus joyeux, il leur rappelle leur enfance chez leurs grands-parents. La relation est différente.
Cet après-midi là tenait plus de l'inventaire et de la découverte. Maintenant, il va falloir vider "pour du vrai". Ce sera sans doute encore plus difficile. Trier, donner, jeter, vider. Fermer la porte. Ce sera une autre étape du deuil. Pas nécessairement la plus facile. Surtout pour moi qui n'arrive pas à fermer les portes.
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