Voilà dix jours que nous sommes rentrés de ce voyage hors du temps, de ce rêve à peine espéré. Les jours se suivent depuis et ne se ressemblent pas. On croit que le temps nous échappe, qu'il nous file entre les doigts. Ce n'est pas faux mais en même temps tant de choses se passent.
- On est allé voir un spectacle de marionnettes chez Toone, une institution pour nous, Bruxellois. Cela faisait des années que je voulais y aller sans jamais vraiment prendre l'initiative. Il a fallu que G. et C. nous en parlent pour concrétiser. Pour en profiter pleinement, il faut comprendre un peu le bruxellois. Ce n'est qu'alors qu'on en goûte toute sa saveur. Par chance, on y a rencontré Thomas qui manipulait quelques unes des marionnettes et qui nous a fait visiter les coulisses après le spectacle. J'adore voir l'envers du décor.
- On a fêté l'anniversaire de l'Homme chez sa maman. Pas de bougies, il a passé l'âge. De gros gâteaux à la crème fraîche comme on ne les aime pas mais qu'on mange quand même pour être polis et qui nous restent sur l'estomac tout l'après-midi. Je pense à tous les goûters d'anniversaire de mes enfants où toute la famille s'est farcie des gâteaux d'anniversaire, certes très beaux, mais parfaitement indigestes qu'ils ont mangé quand même pour être polis et qui leur sont restés sur l'estomac toute l'après-midi.
- J'ai eu mon évaluation annuelle et j'ai été abasourdie quand ma chef m'a dit que j'abattais une quantité de travail énorme et qu'elle n'avait jamais vu quelqu'un qui avait une telle capacité de travail. Et moi qui ai réduit mon rythme si pas de moitié, au moins d'un tiers. J'étais tellement surprise que je suis restée un moment la bouche ouverte. Mais tant mieux si c'est l'impression que je lui donne.
- J'ai participé pendant une journée à l'évaluation de candidatures de stagiaires pour l'automne prochain. Je n'en reviens pas de deux choses: d'une part, j'ai expérimenté de mon propre chef les conclusions d'un article scientifique que j'avais lu quelques jours avant: nous sommes terriblement manipulables et souvent à notre insu. Et je me suis rendu compte qu'effectivement, certains éléments dans les candidatures attiraient mon attention plus que d'autres: une date de naissance similaire à celles d'un proche, un nom ou un prénom italien ou grec, un diplôme d'une école que je connais, un loisir qui me parle. Comme si ces rapprochements donnaient plus de poids à la candidature. D'autre part, la plupart des candidatures provenaient de jeunes nés entre 1985 et 1987 et certains avaient l'âge de ma fille aînée. Et ils sont prêts à être lancés sur le marché du travail. Et cela m'a interpellée. Sans que je parvienne à définir le sentiment qui m'a habitée.
- J'ai retrouvé une bonne partie de mon sommeil grâce aux fleurs de Bach et je ne peux pas expliquer aux autres à quel point c'est un soulagement teinté d'un réel bonheur. Les bras de Morphée sont un élément essentiel de mon équilibre et de ma survie. Et ses infidélités de ces deux dernières années m'ont été très néfastes. Ah, le traître !
- Hier, Mamy L. a fait un petit accident vasculaire cérébral très léger et passager. Le brouillard qui l'a enveloppée pendant quelques heures s'est dissipé comme il est venu et pendant son séjour aux urgences, son oeil a retrouvé son pétillant et son débit est revenu à la normale. Ce matin, elle était gaie comme un pinson, contente d'être sortie d'un épisode dont elle n'a pas pris vraiment conscience non plus. On respire un peu mieux mais l'état de vigilance est déclaré.
- En vue de son prochain examen de cuisine, Anaïs nous a préparé une truite en poussant des cris d'orfraie. Le simple contact avec la peau glissante de la bête la dégoûtait au plus haut point malgré les gants qu'elle a absolument voulu enfiler. Je prie le ciel pour qu'elle tire un autre plat le jour de l'examen.
- Le reste du weekend s'est passé dans l'ordre et le rangement. On a remisé l'échafaudage qui gênait ma vue dans la cuisine et rangé quelques caisses à outils que l'Homme s'obstinait à vouloir garder sous la main plutôt que d'aller chercher les dits outils huit marches plus bas à l'entresol.
- Et j'ai terminé Zola Jackson de Gilles Leroy. Sublime. A lire.