J’en rêve
depuis plus de 30 ans. Je ne sais pas quand cela a commencé mais je me souviens
de ce jour où ce train mythique était à quai à Bruxelles pour quelques jours
offert à la curiosité des visiteurs. Je devais avoir 18-20 ans et mon papa m’a
emmenée le visiter (ou était-ce l’inverse ?). Malgré une visite type Vatican (“Avancez svp, poussez-vous,
y’en a d’autres derrière qui attendent !”), j’en ai gardé un
souvenir éblouissant.
Jamais je n’aurais cru qu’un jour, moi aussi….
J’avais essayé l’année dernière pour nos 25 ans de mariage mais je me suis fait remettre sur les rails aussi sec (“Ca va pas la tête ? Tu sais combien ça coûte ?). C’était sans compter sur la famille, les amis, qui ont remis le train sur la bonne voie pour mes 50 ans. Et le rêve est devenu réalité.
Thalys Bruxelles-Paris. Gare du Nord-Gare de l’Est. Accueil et petite mise en bouche dans un lounge de la Gare de l’Est. Assez nul et qui fait déjà craindre à l’Homme la suite du programme. Moi, je m’amuse à observer les personnalités qui attendent l’embarquement. Un peu comme Hercule Poirot que j’ai bien sûr racheté pour l’occasion. Beaucoup sont là pour la première fois, comme moi, visiblement pour un cadeau d’anniversaire de mariage ou de dizaine. En couple, en famille ou en couples de parents et d’enfants adultes. Très peu entre amis.
21h45: on
embarque. Le train bleu est encore plus beau que dans mon souvenir et pour une
fois, l’Homme est émerveillé (“Ah ouais,
c’est vrai qu’il est beau !”) – ouf, Dieu sait comme il est difficile
d’épater l’Homme. L’intérieur ne le décevra pas non plus. C’est splendide. Par
contre, je ne me rendais pas compte que les cabines étaient si petites. Se
changer pour le dîner dans 3m2, à deux, demande pas mal de patience et de
collaboration. Et encore, le train n’a pas encore démarré. Et pour cause, il
ne démarrera qu’à 1h15 du matin avec plus de trois heures de retard. La
locomotive était en panne et la loco de rechange se trouvait dans le Sud-Est de
la France.
Petit déjeuner dans la chambre, si l'on peut dire. A partir de là, le paysage commence à devenir totalement idyllique, on ne sait plus où regarder, par la fenêtre du wagon, par la fenêtre du couloir, je passe de l'un à l'autre et l'Homme clique-claque à tout va. Le train traverse la Suisse, l'Autriche, le Liechtenstein et passe les Alpes et des paysages de montagne au printemps défilent sous mes yeux émerveillés. Le train emprunte des voies peu fréquentées et prend son temps. C'est un TPV qui pousse des pointes à 130.
L'heure du déjeuner nous ramène au wagon-restaurant où le maître d"hôtel nous a réservé une table pour deux cette fois. Le chef est toujours à la hauteur. Le reste de l'après-midi s'écoule à la vitesse de l'éclair à travers des paysages de montagne tout simplement magnifiques. L'arrivée à Venise en soirée représente la fin d'un rêve.
Il y a des choses qu’on ne fait qu’une fois dans sa vie. Vraiment ? Au dîner, j’ai entendu un monsieur dire à sa maman : “C’est la première fois qu’il part avec autant de retard!”. S’il dit cela, c’est que cela fait au moins 3 à 4 fois qu’il le fait, ce voyage, non ?
Je peux
revenir pour mes 60 ans ? mes 70 ? mes 80 ?