Ces dernières années, le montage du sapin a perdu tout son charme. L'Homme me gâche tout le plaisir. Déjà, il retarde toujours le moment de le monter (tout comme le moment de le démonter d'ailleurs, bientôt on attendra Pâques pour le ranger). Et je piaffe d'impatience parce que pour moi, la magie de Noël c'est avant Noël et un peu après, mais plus vraiment après le Nouvel An.
Ensuite, il est LE spécialiste du sapin, moi je suis assistante, petite main. C'est lui qui monte le sapin artificiel, branche après branche. Moi, je veux aider mais je ne fais jamais les choses comme il faut. Il faut déplier les branches comme ceci et pas comme cela. Puis il s'agit d'installer les circuits lumineux. Les circuits non colorés vinrent à manquer et donc l'Homme s'est mis en chasse. L'ennui, c'est qu'en ces temps plus green que green, on ne trouve plus sur le marché que des circuits LED dont la lumière lave plus blanc que blanc. Il les a installés en mon absence et quand je suis rentrée, j'ai été terriblement éblouie au point de ne pas pouvoir le regarder en face (le sapin, pas l'Homme). Comme j'ai osé donner mon avis en la matière ("Vous ne trouvez pas que c'est un peu éblouissant ces nouveaux circuits ?"), l'Homme, soutenu par le petit d'Homme, m'a traitée de manipulatrice. "Il eût été plus simple de dire franchement que tu n'aimes pas cette lumière". Ben oui, c'est ce que je voulais dire mais je mets les formules de politesse, je ne manipule pas. Enfin bon, j'ai soi-disant obtenu ce que je voulais puisqu'il a enlevé tous les circuits et recommencé en glissant les LED plus profondément dans le sapin afin d'en atténuer l'impact.
Après cela, il faut encore patienter 24 heures avant d'accrocher les boules. Oh bien sûr, je pourrais garnir le sapin moi-même. Mais non, il préfère que je ne monte pas sur l'échelle et je passe les petites boules (pas les grosses, les grosses sont pour le bas) comme une infirmière passe le scalpel au grand chirurgien en salle d'op. Anaïs, elle aussi, aime garnir le sapin. Mais comme moi, elle doit ronger son frein. On peut démarrer l'accrochage à hauteur d'homme, enfin de femme. Mais là encore, il passe derrière nous et modifie une boule ou l'autre qu'il considère mal placée.
Là, franchement, c'est moi qui ai les boules et je ne parviens plus à m'émerveiller devant le beau sapin fini, ce qui tout de même devrait être le but recherché, non ?
Magie de Noël, vous disiez ?