En passant par la pesanteur.
Le demi-siècle se profile à l'horizon. Et la métamorphose s'amorce. Je la sens venir doucement. La légèreté qui m'a habitée jusqu'ici s'évapore petit à petit. Je prends du poids dans tous les sens du terme. Mes pieds s'ancrent de plus en plus dans la terre ferme.
Cette impression sourde d'avoir passé, non sans regrets, une trentaine d'années dans la légèreté, papillon superficiel, contente du simple bonheur d'avoir tout, toute une famille au-dessus, en-dessous, en pleine forme, des enfants superbes, heureux, gais, un mari superbe, heureux, gai et fort, des amis, des boulots sympas, pas de soucis ou si peu. Des lectures légères, Cosmo, Elle, Voici, Voilà, Ola et Comment ça va ? Peu de plomb dans la cervelle, le coeur en bulle de savon. Une boulimie de tout, gourmande et gourmette. A déguster, lire, visiter, voir, écouter, danser, sans jamais être rassasiée.
Et voilà que le manège ralentit. Après s'être accéléré dans un tourbillon de plus en plus fou à me donner le vertige de tant d'envies.
Que s'est-il passé ? La pesanteur physique m'entraîne-t-elle à ce point vers le bas ? Les grands enfants, grands tourments pèsent-ils si lourd dans la balance de mes soucis ? La sagesse me gagnerait-elle ?
Mes désirs de voyage se calment comme après une tempête, j'accepte que je ne lirai pas tout, quoi qu'il arrive, ne rien faire ne m'angoisse plus autant qu'avant, les magazines légers ne m'amusent plus que très mollement, ....
Est-ce vraiment la sérénité qui s'installe ? Je ne me mesure plus aux jolies trentenaires fraîches et alertes, je pointe dans mon collimateur les vieilles dames dignes et élégantes. Je me suis surprise à recommander à l'homme de préparer notre vieillesse.
Cet état un peu particulier est-il passager ?
Am I actually out of gas ? Should my youth already rest in peace ? Am I really over the hill ?