Déjà le 200 ème billet ! Quand j'ai commencé ce blog, il y a un peu moins de 2 ans, je n'avais aucune idée du temps que je tiendrais, du plaisir que j'y trouverais, de l'ampleur que cela prendrait. Je voulais juste essayer.
Cela faisait longtemps que je voulais consigner par écrit toutes ces pensées furtives, ces considérations diverses et variées, ces colères sourdes et rentrées, ces états d'âme momentanés ou plus ancrés. Les enfermer dans l'écriture pour les empêcher de s'évader, les retenir au lieu de les laisser fureter comme des papillons éphémères et disparaître aussi vite qu'ils étaient venus m'envahir.
Je voulais construire une sorte d'album-photos-mots-tons, testament pour ceux que j'aime et à qui il n'est pas toujours facile d'exprimer tout ce que l'on ressent. Difficile, n'est-ce pas, de glisser "j'aime quand tu viens me chercher au boulot" ou "j'adore tes mains, maman" ou "j'aimerais bien remettre des robes" entre "passe-moi le sel", "il faudrait réparer ce robinet qui coule" et "où tu en es dans ton commentaire composé ?" ?
Et puis, le temps a passé, je ne pensais pas avoir tant de choses à dire, il me vient de nouveaux papillons chaque jour et seul le temps m'empêche d'en écrire plus. Et j'ai, de souris en souris, rencontré d'autres muses-araignes sur la toile, qui ont finalement les mêmes états d'âme, les mêmes questions, les mêmes émois. Et curieusement, cela aide vraiment à voir les choses autrement.
Oui, mais...
Le 200 ème pourrait être aussi le bon moment pour arrêter. Non que j'y tienne particulièrement. Mais, je me pose quelques questions sur le bien-fondé de cette transparence peut-être trop profonde, de cette façon de jouer cartes sur toile, sans parfois penser aux conséquences. Surtout quand je parle d'autres que moi. Malgré toutes les précautions dont je m'entoure pour ne jamais blesser qui que ce soit, surtout ceux qui me sont les plus proches et les plus chers, je peux involontairement les mettre dans une situation embarrassante.
Cette question qui me taraude au jour du 200ème coïncide curieusement avec la fin d'un livre. Je viens de terminer "Un roman russe" d'Emmanuel Carrère. J'avais beaucoup aimé "L'adversaire", mais ce dernier roman largement - si pas totalement - autobiographique me laisse un sentiment malsain. Il est tellement autobiographique que je ne voudrais être ni la fille qu'il a aimée et dont il parle sans aucune pudeur, ni l'homme qu'elle a ensuite épousée, ni la femme qu'il a lui-même épousée ensuite, ni sa propre mère, que, même s'il lui écrit tout son amour, il égratigne pas mal non plus. Si on peut la trouver très courageuse, l'impudeur de cette autobiographie n'en reste pas moins dérangeante.
D'où mes questionnements du jour: to blog or to not blog any longer ?