Je ne sais plus laquelle de nous trois a eu l'idée mais c'était une bonne, très bonne idée. Après avoir fêté mon anniversaire dans un restaurant bon bon, mais qui coûtait itou, nous avons souhaité renouveler l'expérience l'année suivante, en se préparant financièrement au choc. D'où l'idée d'une tirelire que nous remplirions chaque semaine au badminton à raison de 5 euros par couple.
Nous nous étions promis d'ouvrir la tirelire - à l'ouvre-boîte - le soir du réveillon. Pour patienter quelques minutes avant les douze coups de minuit, nous avons rassemblé nos billets de cinq par paquet de dix et nous avons compté notre fortune gastronomique.
Au bout d'une année de sport assidu, non seulement, nous avons entretenu agréablement notre forme physique, nous avons eu le plaisir de nous retrouver chaque semaine mais aussi nous nous retrouvons riches d'une jolie cagnotte qui émoustille déjà nos papilles. Une jolie galette pour manger à la fortune du pot de ce magicien culinaire. Notre recette annuelle pour célébrer les siennes. Stefano et moi attendons le moment où nous sortirons la tirelire é-ventrée au moment de l'addition.
Joséfine a promis de racheter une tirelire pour recommencer l'exercice sans tarder.
Et moi, je pense que je vais faire fructifier l'idée et multiplier les petits cochons à la maison. Pour partir en voyage, offrir un beau cadeau ou donner vie à tout autre projet lumineux.
La fête de Noël la tête à l'envers. Je ne sais pas pourquoi mais je fais tout de travers ces derniers temps. Les objets m'échappent des mains, je me cogne partout, je fais des bêtises. Et cette veille de Noël ne déroge pas à la règle.
Pourtant, tout s'annonçait joliment. Swiss'Sis et Thierry n'ont pas eu à souffrir de la grève de jeudi et sont arrivés sans encombres, tous les cadeaux étaient prêts et emballés le 23 au soir, le sapin monté bien à temps, et j'ai même trouvé le temps de préparer une sélection de mes chants de Noël préférés. C'est dire que, pour une fois, ça se présentait bien.
Oui mais, le 24, tout m'a échappé.
Le brushing a fondu sous la pluie.
La pâte des sablés me collait aux doigts et je ne parvenais plus à m'en dépatouiller, malgré de grands renforts de farine.
Le cougnou a pris des proportions monstrueuses et ne ressemblait plus du tout à un enfant enmailloté.
En me promenant avec ma poche à douille remplie de lemon curd, j'en ai renversé la moitié sur les patates douces en attente de cuisson.
Au lieu d'ajouter une petite branche de romarin à la cuisson de mes myrtilles au vin rouge, j'ai carrément immergé deux plants qui ont imprégné les myrtilles d'un goût particulièrement amer.
Mais surtout, lorsque Sis'Cile a ouvert un de mes cadeaux, je suis restée bouche bée un bon moment. J'ai réalisé que le livre qu'elle tenait dans les mains était destiné à Lola de l'autre côté de l'Atlantique et que le livre que je destinais à Sis'Cile était parti la veille par la poste.... J'ai mis un certain temps à m'en remettre.
Mais à part ça, tout va bien, c'était un joyeux Noël, une jolie table, une dinde "orgasmique" (selon les critères de Sis'cile), une journée en cuisine avec Swiss'Sis mais sans Anaïs cette fois, études obligent. De jolis cadeaux pour tout le monde dont pour moi, quatre romans qui viennent s'ajouter à la pile à lire, les contemplations gourmandes de Victor Hugo, un superbe collier et de très jolies boucles d'oreilles.
Et plus que tout, le plaisir d'être à nouveau tous réunis. Le vrai cadeau de Noël.
Lundi: Une journée à Paris avec Véro, le plaisir de papoter des heures, un peu de lèche-vitrines, un peu de shopping - on a découvert un styliste japonais, ancien assistant de Kenzo, Irié Wash. C'est elle qui a poussé la porte, c'est moi qui en suis sortie avec une robe. Un petit tour sur les quais, côté bouquinistes et un vieux livre de cuisine d'Antonin Carême dans la poche. Et retour à la maison.
Mardi: Cours de cuisine vietnamienne avec Anaïs. Il y a quinze jours, on avait testé le cours de macarons. Très bof bof. Cette fois, la déception a été encore plus grande et on ne nous y reprendra plus. Un, le pseudo-chef s'annonce lui-même amateur, deux, il ne s'occupe pas de nous, considère que "celles qui font le dessert, c'est la planque" - pas de chance, c'était nous -, trois, il ne peut pas répondre à des questions pas très compliquées, et quatre, c'était même pas bon.
Jeudi: Désordre public. Très chouette pièce. Complètement décalée mais il y a longtemps que je n'avais plus ri avec autant de bonheur.
Vendredi: Conférence sur la gestion des ressources humaines dans le secteur public. Très intéressant. J'avais un peu oublié à quel point la GRH est différente entre le public et le privé. Une certaine stabilité d'emploi dans le public, certes de plus en plus relative mais néanmoins encore pas mal garantie en échange de procédures lourdissimes dans tous les domaines que ce soit dans les appels à marché ou, plus particulièrement en matière de RH dans les procédures de sélection. De quoi rafraîchir ma mémoire, même si je ne suis pas prête d'oublier, moi qui ai naïvement importé du privé des méthodes de sélection expéditives: trois piles, les CVs intéressants, les CVs inappropriés et les "à voir". De quoi se prendre un audit carabiné où l'auditrice en chef a bien faille me mettre au bûcher pour hérésie.
Samedi: Il y a deux ans, on s'était promis de remettre le couvert tous les ans mais le temps nous échappe. Cette année, on y est arrivés et on s'est à nouveau offert une belle cousinade. Cette fois, Swiss Sis' et mon filleul préféré manquait à l'appel mais la plupart avait répondu présent. Preuve s'il en est que tout le monde apprécie de se retrouver au moins tous les deux ans si pas tous les ans. Tout de même, cela reste plus sympa que de se retrouver aux enterrements. Et comme il ne faut plus trop compter sur les mariages et les baptêmes....
Dimanche: Une journée pour tout ranger, tout nettoyer - merci les enfants ! - et en soirée, j'ai accompagné Maïté - qui n'a trouvé que moi pour l'escorter - à la projection d'un court-métrage avec débat. Le film déplore en long et en large l'impact insoupçonné de l'image de la femme véhiculé par la télévision italienne depuis plus de 30 ans. Le débat, lui, était assez édifiant sur le manque d'empathie entre les différents interlocuteurs. Plutôt qu'un débat, on a assisté à un échange de monologues. Y'a encore du chemin à tous les niveaux !
Plus interpellant encore, le mini-métrage de 3 minutes avant la projection proprement dite. De quoi nous ouvrir les yeux sur les images publicitaires qui ne nous choquent même plus, faute de les regarder vraiment. Une claque en pleine figure!
Non, je ne vais pas vous écrire un billet sur Carla, loin de moi cette idée saugrenue. Mais bien sur notre première dinde farcie de Noël. En 27 réveillons de Noël, jamais nous n'avons préparé de dinde. Et cette fois, nous avons sacrifié à la tradition. Bien nous en prit, le succès a été unanime. Les plus difficiles (traduisez, chez nous, ceux qui n'aiment pas du tout la sophistication) ont décerné l'Oscar du Noël dans la catégorie "papilles".
Malgré l'affaire Tannenbaum, ce fut un beau Noël encore une fois. Ca a bien failli tourner à nouveau en purée de marrons à cause de cette brave dinde. L'homme a préparé la farce à sa façon et a cuit le restant avant de la mettre au four pour qu'on teste la dite farce. J'ai émis mon avis ("Est-ce que tu ne trouves pas qu'elle manque un peu de goût ? Ca ne va pas donner beaucoup de goût à la dinde ? Tu as mis des épices, cannelle, quatre-épices ? C'est même moins bon que ton pain de viande habituel...). Je me suis à nouveau fait traiter de manipulatrice par l'homme et les enfants qui trouvaient cette farce tout à fait digne. Il n'empêche que l'homme a récupéré sa farce, l'a retravaillée avec épices, cognac, etc... et que tout le monde a bien dû reconnaitre qu'il y a bien farce et farce. La bonne blague ! Et "on" a encore insinué que j'obtenais tout ce que je voulais. Mais bon, puisque c'est le rôle qu'"on" m'a attribuée dans ce couple, j'assume. Je suis le quality controller d'une équipe qui marche, alors pourquoi changer la formule ?
Hormis la dinde, le plaisir était au rendez-vous. Le plaisir en cuisine pendant toute la journée du 24 avec Swiss'Sis, Anaïs et le champion de la dinde, le plaisir autour du sapin et au milieu des cadeaux, le plaisir des sourires heureux, le plaisir de réunir ceux qu'on aime, une pensée très émue pour Papy L. qui manque toujours autour de la table.
Le plaisir encore le lendemain, à ranger les vestiges de la fête, le plaisir de découvrir plus au calme ses cadeaux (un flacon de Coco Mademoiselle, un soin Capture de Dior et "Le goût des pépins de pomme" de Katharina Hagena pour moi), le plaisir de traîner un peu sans trop rien faire pour une fois.
J'espère que pour vous aussi, Noël a été source de joie et de bonheur en famille...
Il y a plus de 6 mois, les sorcières et la fée m'ont offert pour mon anniversaire un cours de cuisine toutes ensemble, accompagnées de nos Merlin enchanteurs, à l'Atelier Guy Martin, le chef étoilé du Grand Véfour. Je n'avais malheureusement pas pu les rejoindre parce que je tenais absolument à assister à l'enterrement de Tante Danielle. Je les ai rejoints l'après-midi mais le cours avait lieu le matin. Les organisateurs m'ont gentiment offert la possibilité de revenir plus tard. Ce que j'ai fait - enfin - ce weekend avec l'Homme et Véro qui nous a rejoints. J'ai choisi un thème un chouia incongru: Les légumes dans les desserts. Au menu:
Raviole de betterave, pommes, vanille
Verrine de tiramisu, carottes et endives
Millefeuilles de poivron rouge et chocolat
J'ai aimé le cours, j'ai appris deux trois trucs (notamment qu'une cartouche de gaz suffit pour un siphon à condition de bien secouer l'affaire pour que le gaz s'incorpore bien à la préparation, comment faire une petite rigole pour qu'un soufflé monte droit comme un i), c'était sympa et tout et tout mais j'ai finalement été déçue par le résultat final que je n'ai goûté qu'une fois de retour à la maison.
Mais 24 heures à Paris sous le soleil valait tous les desserts du monde.
La magie ne s'est pas arrêtée sur le quai de Santa Lucia. Nous avons passé deux jours dans une de nos villes préférées. Nous avons eu la chance de la visiter déjà plusieurs fois lorsque nous habitions l'Italie. Nous avons donc pu, sans complexes, quitter les sentiers trop battus, et nous échapper dans les ruelles abandonnées aux seuls Vénitiens. Et cette belle échappée a ravi le photographe fou qui se cache en l'Homme. Moi, j'ai moins l'âme d'une compagne de Tintin reporter (la preuve, celui-là n'a jamais trouvé de Castafiore à son pied) et le suivre - trois pas en avant, deux pas en arrière - est particulièrement épuisant. Lui avance au rythme de son zoom, moi, j'avance à l'allure du routard ou de n'importe quel autre guide de voyage plus original. J'ai besoin de savoir où regarder, lui sait où regarder; en bonne élève, je cherche à comprendre ce que je vois, compulse les explications, retient la petite histoire; lui, généralement sait tout ça - ou disons presque tout. Bonne fille, je le suis et j'essaye de me repérer sur le guide. Là, j'avais choisi de suivre les "Ballades de Corto Maltese" qui emmènent dans un Venise moins connu. J'ai essayé de prendre en route la ballade correspondant à l'endroit où nous mène Mr Nikon mais son zoom prend bien entendu la ballade à contresens. Comme j'ai pas mal de difficultés d'orientation, quand je dois traduire "tournez à droite" par "tournez à gauche" parce qu'on va à l'envers, rien ne va plus.
Mais Venise reste belle malgré la fatigue et la (légère) frustation.
Comme on a choisi un hôtel pas cher, j'avais dit qu'on remplacerait par un thé ou un apéro dans le bar d'un grand hôtel ou mieux au Harry's bar. On a fait une à une les recettes du livre de Harry Cipriani et je voulais goûter de mes propres papilles si on était vraiment loin du compte.
Quand on dit à un homme: "Ca te dirait d'aller boire un verre au Danieli ?", vous les femmes, vous traduisez "Ca me plairait d'aller boire un verre au Danieli !", non ? Et bien, un homme comme le mien, non, il comprend "Ca te dirait d''aller boire un verre au Danieli ?" et il répond "Non, pas vraiment." Dans un premier temps, on se dit: "Ok, pas maintenant, y'a justement le soleil qui se pointe, c'est le moment idéal pour les photos, ça donne une autre luminosité, etc...". Deuxième essai: "Ca te dirait d'aller boire un verre au Danieli ?" - "Non, pas vraiment." Troisième essai:..../.....
Bon, là, faut que je pleure. Facile, je suis crevée, j'ai mal aux pieds, mal à la hanche, j'ai froid, très froid. Je dois même pas jouer la comédie, ça coule tout seul. L'homme n'aime pas ça du tout, les larmes. Il marche silencieux, je le suis. "Où on va ?". "Ben, au Harry's bar puisque c'est CA que tu veux" soupire-t-il. Ah, c'est malin. Je vais arriver là avec des yeux de grenouille, ça va pas le faire.
Il a été séduit - comme toujours - et on a même réservé une table pour le soir. C'est pas donné mais c'est notre anniversaire de mariage aujourd'hui, que diable ! Seul hic, il faut patienter encore deux bonnes heures et pas question de retourner à l'hôtel, trop loin, on aurait juste le temps d'entrer et de sortir, même pas le temps de s'habiller, se maquiller et se recoiffer. Bon, qu'à cela ne tienne, je ferai avec les moyens du bord. Mais il va encore falloir marcher deux heures ??
Et le soir, j'ai eu le point d'orgue de mon cadeau d'anniversaire, petite crème catalane sur le gâteau, devinez qui dînait à la table voisine avec deux autres Espagnols et un Italien ? Un des trois ténors, José Carreras, él mismo. Je ne l'ai pas reconnu tout de suite mais son visage m'intriguait. Quand j'ai compris, je n'ai plus pu quitter ni son visage ni leurs conversations. Je sais, c'est très impoli mais je fais ça discrètement. Parce que je suis une pipolette invétérée. Je me fiche comme de l'an quarante de ce que raconte la presse pipole mais en voir un en vrai de près, ça m'a toujours transportée un peu plus près des étoiles.
Alors, oui, vraiment, ce cadeau d'anniversaire valait tous les bijoux de la planète.
Je prend de bonnes résolutions deux fois l'an: le 1 janvier, comme beaucoup, et juste après les vacances d'été. Une des bonnes résolutions récurrentes porte invariablement sur l'alimentation saine et la remise en forme.
Mais cette année-ci, la résolution tourne à l'obsession, à l'orthorexie - toute virtuelle malheureusement. Je passe des heures à penser mon alimentation, je planifie des menus plus sains (la planification des menus, ça c'est pas nouveau), je lis à n'en plus finir tout ce qui peut être lu en la matière. Je calcule mon indice de masse corporelle puis j'en fais tout un fromage.
Je démarre la journée avec un pseudo-pancake de régime protéiné, j'emporte avec moi une pseudo-omelette protéinée. Puis je pense aux 5 portions de légumes et 5 portions de fruits par jour en n'oubliant pas un légume vert et un légume orangé chaque jour, que bien sûr je ne mange jamais sur une journée, le poisson deux fois par semaine pour les oméga-3, la poignée de fruits secs pour les minéraux et les vitamines, la banane pour le potassium, etc... Puis je joue à la table des calories tout en surfant sur la vague bio, cuisine vive et graines germées.
J'écume avec plaisir les rayons des magasins bio et je veux tout essayer: les pâtes au kamut, la sauce tamari, le pain essénien (un pur délice), ....
Et cerise sur le gâteau, je tiens absolument à m'inscrire à l'antenne locale du mouvement Slow Food - c'est sur ma liste de grands projets depuis au moins 3 ans -.
Et puis toutes mes résolutions - et mes envies profondes, pour être honnête - retombent comme un soufflé devant:
- les reine-claude ramassées au jardin qu'il faut absolument manger d'une manière ou d'une autre, càd en confitures, tartes ou clafoutis
- les mûres en crumble
- le collègue qui m'invite à raconter ses vacances devant une pizza
- une soirée resto avec Josiane et Cat ou avec Véro
- les petits chocolats et autres douceurs ramenés par les collègues de leurs différents lieux de vacances.
- la baguette croquante
- les cacahuètes sous mon nez
- le sorbet de pommes crème à la cannelle qu'Anaïs a expérimenté
- .....
D'accord je veux le beurre et l'argent du beurre: la taille de guêpe et le teint de pêche mais sans renoncer aux plaisirs du palais. Je pédale dans la semoule et cette histoire va tourner au vinaigre. Je sens la moutarde monter au nez des diététiciens que je consulte et ils vont m'envoyer me faire cuire un oeuf. Ce sera bien fait pour ma pomme. J'arrête ici, je crois que je deviens franchement indigeste...