J’en rêve
depuis plus de 30 ans. Je ne sais pas quand cela a commencé mais je me souviens
de ce jour où ce train mythique était à quai à Bruxelles pour quelques jours
offert à la curiosité des visiteurs. Je devais avoir 18-20 ans et mon papa m’a
emmenée le visiter (ou était-ce l’inverse ?).Malgré une visite type Vatican (“Avancez svp, poussez-vous,y’en a d’autres derrière qui attendent !”), j’en ai gardé un
souvenir éblouissant.
Jamais je
n’aurais cru qu’un jour, moi aussi….
J’avais
essayé l’année dernière pour nos 25 ans de mariage mais je me suis fait
remettre sur les rails aussi sec (“Ca va
pas la tête ? Tu sais combien ça coûte ?).C’était sans compter sur la famille, les amis, qui ont remis
le train sur la bonne voie pour mes 50 ans. Et le rêve est devenu réalité.
Thalys
Bruxelles-Paris. Gare du Nord-Gare de l’Est. Accueil et petite mise en bouche
dans un lounge de la Gare de l’Est. Assez nul et qui fait déjà craindre à
l’Homme la suite du programme.Moi, je m’amuse à observer les personnalités qui attendent
l’embarquement. Un peu comme Hercule Poirot que j’ai bien sûr racheté pour
l’occasion. Beaucoup sont là pour la première fois, comme moi, visiblement pour
un cadeau d’anniversaire de mariage ou de dizaine. En couple, en famille ou en
couples de parents et d’enfants adultes. Très peu entre amis.
21h45: on
embarque. Le train bleu est encore plus beau que dans mon souvenir et pour une
fois, l’Homme est émerveillé (“Ah ouais,
c’est vrai qu’il est beau !”) – ouf, Dieu sait comme il est difficile
d’épater l’Homme. L’intérieur ne le décevra pas non plus. C’est splendide. Par
contre, je ne me rendais pas compte que les cabines étaient si petites. Se
changer pour le dîner dans 3m2, à deux, demande pas mal de patience et de
collaboration. Et encore, le train n’a pas encore démarré. Et pour cause, il
ne démarrera qu’à 1h15 du matin avec plus de trois heures de retard. La
locomotive était en panne et la loco de rechange se trouvait dans le Sud-Est de
la France.
Le dîner en compagnie d'une Mamie de 80 ans et de sa petite fille est tout à fait à la hauteur et la magie continue d'opérer. Pendant ce temps, le steward de notre wagon a joué les marraines de Cendrillon et a transformé notre dressing de 3m2 en chambre nuptiale. Bon, d'accord en lits superposés mais malgré tout, cela reste très glamour. La nuit, je dors peu, je ne veux pas en perdre une miette et je scrute le paysage dans la nuit. Je parviens à distinguer des forêts de grands sapins très impressionnants dans le noir. Je finis par m'endormir, sourire aux lèvres. Je ne remercierai jamais assez ceux qui m'ont fait ce cadeau.
Petit déjeuner dans la chambre, si l'on peut dire. A partir de là, le paysage commence à devenir totalement idyllique, on ne sait plus où regarder, par la fenêtre du wagon, par la fenêtre du couloir, je passe de l'un à l'autre et l'Homme clique-claque à tout va. Le train traverse la Suisse, l'Autriche, le Liechtenstein et passe les Alpes et des paysages de montagne au printemps défilent sous mes yeux émerveillés. Le train emprunte des voies peu fréquentées et prend son temps. C'est un TPV qui pousse des pointes à 130.
L'heure du déjeuner nous ramène au wagon-restaurant où le maître d"hôtel nous a réservé une table pour deux cette fois. Le chef est toujours à la hauteur. Le reste de l'après-midi s'écoule à la vitesse de l'éclair à travers des paysages de montagne tout simplement magnifiques. L'arrivée à Venise en soirée représente la fin d'un rêve.
Il y a des
choses qu’on ne fait qu’une fois dans sa vie. Vraiment ? Au dîner, j’ai entendu un
monsieur dire à sa maman : “C’est la
première fois qu’il part avec autant de retard!”.S’il dit cela, c’est que cela fait au moins 3 à 4 fois qu’il
le fait, ce voyage, non ?
Je peux
revenir pour mes 60 ans ? mes 70 ? mes 80 ?
C'est quoi ton boulot exactement ? Tu t'occupes de recrutement ? C'est curieux, tout le monde a dans sa vie professionnelle à faire avec un service au mieux de Ressources humaines, au pire du Personnel mais il y en a encore qui se demandent ce qu'on fait toute la journée. Alors pour ceux-là, pour mes enfants et pour ma.... chef, voici à quoi ressemble une journée-type:
8h30: un peu plus tard que d'habitude, vacances de Pâques oblige, j'ouvre la boutique (càd dans l'ordre, la lumière, le PC et les mails de la nuit).
Jusqu'à neuf heures: je réponds aux derniers mails, en m'interrompant toutes les 5 minutes pour saluer les collègues qui arrivent au compte-gouttes et me racontent l'une ou l'autre aventure de leur soirée de la veille ou qui me détaillent par le menu leur bulletin de santé.
9h: je m'offre un café et commence à finaliser un dossier de mobilité interne - qui a postulé où, qui a interviewé qui, qui prend qui -, je donne quelques coups de fil aux différents responsables concernés et j'établis une première esquisse des mutations à venir.
Cela ne devait pas me prendre plus d'une demi-heure mais comme toujours j'ai été interrompue à plusieurs reprises pour
1) réclamer au service de la sécurité les autorisations d'accès au bâtiment pour les ouvriers qui viennent terminer les travaux de la cafeteria ce samedi. - C'est uuurgent, si on les a pas, ça va être le bordel demain matin ! - D'accord, d'accord, je m'en occupe.
2) un de mes collègues téléphone pour dire qu'il est malade et qu'il ne viendra pas aujourd'hui. Le temps de récolter les informations essentielles de sa journée et de réorganiser les rendez-vous qu'il avait, trouver les volontaires désignés pour le remplacer ici et là.
3) je réponds à une collègue qui a besoin d'informations pour avancer dans ce que je lui ai demandé de faire la veille
4) je réponds à une dame qui vient juste de perdre son mari et qui nous téléphone pensant que son mari travaillait chez nous alors que ce n'était pas le cas.
Il est donc déjà 10h30 et dans une demi-heure et j'ai une réunion dans un autre bâtiment à dix minutes de là. Je ne vais pas pouvoir faire grand-chose. Je parcours rapidement les mails arrivés entretemps. J'en gère un ou deux et je rassemble mes papiers pour la réunion.
11h: Réunion pour valider les grilles de sélection de la prochaine procédure de recrutement. Dans la fonction publique, on essaye d'être le plus transparent et équitable possible. La moindre suspicion de favoritisme est immédiatement qualifiée de népotisme. On fait gaffe. Du coup, on met en place des procédures d'évaluation des candidatures tellement sophistiquées et mathématiques que cela en devient ridicule et qu'on y perd en qualité de jugement. Et on perd un temps fou en plus.
12h30: Je reviens au bureau. La secrétaire me signale qu'il y a un mail urgent : une maman dont le fils de10 ans vient de se casser la jambe au ski demande en urgence un congé parental, elle voudrait rester avec son fils dès lundi. Normalement il convient de le demander x semaines à l'avance mais là, c'est urgent et la collègue en charge de ce type de demande est en vacances. Bon, je passe la main, je trouve une collègue dont ce n'est pas le domaine d'activité mais qui s'y connait un peu et je lui demande de contacter la collègue et de gérer l'affaire.
12h45: je devrais me mettre en route et repartir pour l'autre bâtiment pour la séance de Pilates mais je sens le stress de ma chef qui rôde autour de moi pour une note urgente à finaliser. Je décide de laisser tomber le Pilates, je m'attaque à cette note. Elle me barbe. C'est complexe, juridique et trop long à vous expliquer ici. J'ai faim et je ne suis plus très efficace. Je déjeûne sans quitter l'écran. Je vais me chercher un café. Je passe devant les petits oeufs de Pâques, je résiste. Cette note m'ennuie vraiment. C'est l'heure de la pause tout de même. Je fais un petit tour des blogs. Je laisse quelques commentaires.
Bon, cette note..... Péniblement j'aligne deux trois paragraphes. On frappe à la porte que j'avais fermée pour mieux me concentrer. Une intérimaire qui n'en peut plus de ne jamais connaître ce dont demain sera fait. Je la rassure assez vaguement, je n'ai pas la tête à ça. Elle repart, à mon avis, peu satisfaite.
14h: Bon, je n'ai pas trop avancé, il faudrait que je m'active.
14h30: Encore un mail urgent. Je dois identifier les volontaires désignés pour faire partie des comités d'évaluation des candidatures de stagiaires. Cela va assez vite, je ne rencontre pas trop de résistance.
15h: je prépare le rapport d'évaluation d'une collègue. J'avais complètement oublié que j'étais en vacances la semaine prochaine et cela doit être prêt pour mon retour.
16h15: j'ai une réunion dans une demi-heure, je n'ai pas fini la note urgente et je dois encore téléphoner au médecin conseil pour prendre des nouvelles de deux collègues en maladie depuis longtemps et discuter des approches à suivre.
16h30: rendez-vous avec un consultant externe pour préparer un séminaire de toute la direction sur le plan d'action consécutif à l'enquête de satisfaction du personnel. Super intéressant. La consultante, je la connais, est une femme extraordinaire et je bois comme du petit lait tout ce qu'elle dit. Elle a l'art de transformer les situations les plus désastreuses en tremplin pour rebondir et elle regonfle à bloc les baudruches les plus à plat.
17h30 déjà: je termine plus tôt, c'est vendredi et j'ai un supermarché à faire. Je refile la note à l'état plutôt embryonnaire à ma chef qui se lamente sur l'absence de ma tête, de mes dix doigts et de ma bouche la semaine prochaine. Cela sonne bizarrement mais je décide de le prendre comme un compliment.
17h50: je ferme la boutique, je file, l'Homme m'attend depuis 20 minutes.
18h20: Supermarché à deux, un des chouettes moments du vendredi.
19h30: double file, décharger la voiture, tout monter, tout ranger, petite pause café.
20h: l'Homme prépare une poêlée de courgettes, poivrons, tomates. Je range quelques bricoles, grignote ici et là (pas bien), papote.
21h: on dîne enfin, à quatre, Maïté rentrait plus tard. Un copain vient chercher Quentin pour aller.... manger. A cet âge là, ils peuvent manger deux fois, ça gêne pas.
21h30: Maïté rentre, je lui propose de nous accompagner à brûle-pourpoint à Balkan Trafic, une soirée de musique des Balkans au BOZAR. Moi, j'y vais surtout pour une heure de rébétiko. Elle accepte séance tenante. Si c'est grec, en bonne fille de sa mère, Maïté est toujours partante.
22h: une heure de pur bonheur. Stelios Vamvakaris et son bouzouki. Une heure de rebetiko absolument divin. Dommage que le public n'ait pas été à la hauteur.
Depuis toute petite, je me sens en milieu hospitalier comme chez moi. Non pas que j'ai fréquenté plus souvent qu'à mon tour en qualité de malade ces lieux généralement peu appréciés de monsieur et madame tout le monde mais pour moi, c'était le "bureau" de mon infirmière de Maman.
Je l'ai accompagnée quelques rares fois quand j'étais enfant et qu'on ne savait pas où me caser, un jour de journée pédagogique ou de vacances mais j'en ai peu de souvenirs. Plus tard, adolescente, je suis allée assez régulièrement la chercher ou la rejoindre.
J'aimais cette ambiance, joyeuse la plupart du temps. Une fois le service du matin passé, les infirmières se retrouvent pour un (deuxième) petit déjeuner. Et autour du café (d'hôpital, comme on l'appelle chez nous, traduisez du jus de chaussettes) et des tartines carrées coupées en triangles, elles se racontaient les derniers potins et les fous rires fusaient.
J'aimais l'odeur de l'hôpital, ce mélange d'éther, d'alcool et de désinfectant et de.... café.
J'aimais la chaleur des couloirs, le côté amidonné de la literie d'hôpital.
J'aimais la grosse pointeuse, juste à côté du réfectoire (on ne disait ni cantine ni cafeteria à l'époque mais réfectoire).
J'aimais le vestiaire des infirmières dans les sous-sols surchauffés, où souvent on rencontrait des petits chats venus se blottir dans la chaleur de l'endroit.
J'aimais par-dessus tout la salle de jeux de l'unité pédiatrique.
J'ai tellement aimé cet environnement qu'à 17 ans, ne sachant que faire comme études, je me suis laissée convaincre d'entamer des études d'infirmière. Je n'étais pourtant pas particulièrement branchée cours scientifiques et mes plantureux échecs en biochimie et en anatomie (encore aujourd'hui, je ne suis pas capable de tout localiser dans le corps humain) l'ont bien confirmé. Mais j'ai aimé les stages qui accompagnent ces études, malgré la fatigue physique que cela représentait. J'ai aimé les rencontres avec les patients et avec le recul, je me dis que ce que je fais maintenant n'est pas bien différent.
Alors quand Anaïs a été hospitalisée deux jours la semaine dernière (rien de grave), je me suis à nouveau retrouvée "chez moi". Et en patientant dans le couloir, à portée d'oreilles du bureau des infirmières, j'ai souri avec nostalgie et ressenti une certaine complicité avec ces femmes en blanc qui commentaient le rapport de relais du soir en s'interrompant toutes les dix minutes pour raconter la dernière de leur fille ou la bonne blague de l'anesthésiste de la veille, entre "la colono du 425, un très gentil monsieur, à jeun pour demain matin", "le canal carpien du 430, une dame difficile" et "les seins du Dr Tartempion, pas un caprice je t'assure, y'a d'quoi !".
Ces dernières semaines, la Belgique a vécu ce qu'on appelle des événements traumatisants: fin janvier, l'explosion d'un immeuble puis son effondrement plus tard alors que les pompiers essayaient d'extraire deux survivants (12 victimes) et lundi dernier, une terrible collision entre deux trains à l'heure de pointe (18 morts et d'innombrables blessés). Lors de ce type de drame, je suis toujours perplexe quant aux sentiments mélangés qui m'habitent.
J'apprends les infos au réveil et me les fais marteler en boucle jusqu'à l'arrivée au boulot. Dans le cas de drame comme ces deux derniers, je me sens à la fois très proche de ceux qui souffrent de la perte d'un ou plusieurs proches, comme souvent et comme beaucoup, je me projette, je me mets à leur place et je compatis comme pour n'importe quelle personne qui perdrait un proche dans un accident moins spectaculaire, moins médiatisé comme un accident de la route, une chute dans l'escalier ou une longue et pénible maladie.
Mais dans le même temps, je lutte contre le besoin de voir, m'imprégner de l'horreur, comme ces automobilistes qui ralentissent pour mieux regarder l'accident et créent de facto un bouchon. Je n'ai pas la télé et je ne suis donc pas inondée d'images mais par contre, j'ai la souris quasi greffée à la main et le clic facile. Pour "voir", je dois "vouloir voir". Et je dois vraiment m'efforcer de ne pas googler-cliquer en vilaine voyeuse. Voire de chercher des informations supplémentaires, des détails totalement inutiles (je ne suis pas enquêteur, les détails ne me regardent et ne changent rien au drame). Je n'y arrive pas toujours. Et je m'en veux.
De la même manière, je me déteste de cette façon malsaine de "m'approprier" les victimes. Sur les 18 malheureux disparus dans l'accident de train, deux étaient père et fils d'une collègue de l'Homme, trois travaillaient dans la même institution que moi mais je ne les connaissais pas. Et un serpent en moi fait les comptes "j'en connaissais cinq !"et je me sens "à plaindre". Mais de quel droit ?
Mais d'où me viennent ces horribles pensées parasites qui semblent remonter d'un tréfonds passablement marécageux et nauséabond ?
Est-ce que ça vous arrive à vous de ces pensées et de ces comportements inavouables ?
La routine tue la créativité, la routine tue les couples, la routine assassine.
Mais moi, j'aime le train train, j'y trouve beaucoup beaucoup de plaisir. Ceux que je n'ai pas ou plus mais qui me plaisent encore; ceux dont je me régale:
- Chez moi, on ne mange pour ainsi dire jamais la même chose mais je me souviens du plaisir mental à penser que le jeudi à l'école, c'était jour de frites, que le samedi, on préparait un spaghetti bolo à la maison, que tous les samedis on achetait des Danino pour assurer quelques desserts jusqu'au mardi. Savoir que le 1 janvier, Maman nous réunit autour d'une choucroute, que le 6 janvier, on aura une galette des rois, que le jour de la Chandeleur, on mangera forcément des crèpes; qu'en vacances, on aura au moins une fois un chaud froid de fruits rouges avec meringue. Et ainsi de suite.
- On ne part jamais au même endroit en vacances parce qu'on veut découvrir de nouvelles choses mais j'aime aussi l'idée de retourner au même endroit; pour le plaisir de retrouver des amis que l'on se fait sur place, prendre son petit café au même petit bar, occuper la même place sur la plage. On ne part jamais au même endroit mais tout de même, on termine toujours nos vacances au même endroit, avec mes parents et ma Swiss'Sis à la montagne, une semaine de pure routine et j'adore ça: le même appartement depuis 20 ans, la même vue, les mêmes activités: un petit tour en montagne, une ou deux heures au centre thermal, un petit tour au seul magasin de la station, une journée shopping à Lausanne, des confitures, une raclette ou une fondue.
- La routine tue le couple ? Ah bon ? Moi j'aime les habitudes: le bruit de sa clé dans la serrure, le supermarché le vendredi soir, les petits gestes tendres dans les rayons avec une préférence pour le rayon des fromages et des dentifrices, le marché le samedi matin, les bons bouquins dans le lit le soir, les soirées dvd, le matin quand il me conduit et qu'il râle sur la planète entière, les habitudes entretiennent les petits bonheurs.
- J'aime les repères dans l'année: le premier de l'an, la Chandeleur, les journées shopping d'anniversaire avec mes filles, Pâques à La Glanerie avec toute la famille et les cloches, la fête de la musique, les vacances d'été, les fêtes de fin d'année.
J'aime tous ces repères, ils ont la douceur du bonheur simple.
On a partiellement démonté le sapin. Plus précisément, on a simplement enlevé les boules, délicatement, emballé les plus fragiles dans du papier de soie, tout comme les personnages de la crèche. Avant de les emballer, je les ai bien regardés un à un, je les trouve tellement beaux, et je me suis jurée que l'année prochaine, je prendrais plus de temps avec eux, comme quand j'étais petite ou quand j'étais plus jeune mais déjà adulte. Nous avons, chaque année, de plus en plus de difficultés à enlever le sapin. Avant, on le gardait debout jusqu'à mon anniversaire et ces dernières années, on pousse le délai un peu plus loin. Quand j'ai vu que le palais royal avait enlevé le sien, je me suis dit qu'il était temps mais on a encore attendu 10 jours.
On a fêté ce dimanche les 4 ans de Clara. Déjà 4 ans. Mignonne à croquer qui nous mène tous par le bout du nez. Au début de l'après-midi, elle ne dit rien, se tait et nous observe et c'est à peine si elle me montre du bout de ses petits doigts l'âge qu'elle a aujourd'hui. A la fin de l'après-midi, elle mène la danse, organise en parfaite G.O. le jeu: "Moi, je compte et poi, tu es le voleur, tu te caches, et je te crouve."
La concrétisation de mon cadeau prend forme mais j'en dirai plus quand j'aurai réservé. Mais ça sent le train chic, l'hôtel de 007 et le Harry's bar.
On a recommencé le défi lecture (reto 2010) lancé par Meri. Cette année, on doit lire 26 livres dont un avec un titre de une lettre, un autre avec un titre de deux lettres, un autre encore avec un titre de trois lettres et ainsi de suite mais pas nécessairement dans l'ordre. Je m'y attelle tout de suite.
Je suis en pétard virtuel avec plusieurs personnes. Je veux dire par là que certaines personnes que j'aime beaucoup beaucoup m'énervent beaucoup beaucoup mais que je ne le leur dis pas. Pour différentes raisons: soit elles sont déjà suffisamment dans le yaourt pour ne pas les accabler encore plus, soit elles ne se rendent pas compte qu'elles font en sorte de m'énerver, soit je ne suis pas assez courageuse tout simplement, moi qui ai horreur du conflit.
Je veux que ce froid polaire s'arrête. Maintenant, c'est bon, on a donné, je veux du printemps, du soleil doux et du vert sur les arbres. Là, on nous annonce une nouvelle vague de froid. Basta cosi.
Comment se passe cette première semaine du deuxième demi-siècle ?
Bof, pas de grand changement. Je suis la même que la semaine dernière. Peut-être seulement un peu en quête de "plus". Plus de mouvement, plus d'engagement, plus de mobilisation des cinq sens, plus d'amour.
Dimanche: Crevée mais heureuse. Une journée entière à tout ranger après la fête mais cela le valait largement. Rattraper tous les grammes perdus le jour J en goûtant enfin chacune des tartes qui restent et ne pas savoir élire la meilleure. Lire tous les petits mots rassemblés dans un petit panier et se dire que c'est bon d'être aimée. Faire une petite sieste d'une heure pendant que l'homme, exemplaire, continue de ranger et nettoyer la maison. Revoir le montage réalisé par Anaïs et en profiter pleinement. Se sentir gonflée de mercis et de reconnaissance. S'endormir heureuse.
Lundi: Barre à terre plus que jamais. J'aime décidément ce cours où tout se passe lentement mais avec une telle force. Tous les muscles du corps sont sollicités mais tout en douceur.
Mardi: Je commence à imaginer comment je pourrais concrétiser le cadeau que tous m'ont fait; j'ai le choix entre un voyage en Orient-Express et un séjour dans l'un ou l'autre hôtel mythique. J'avais renoncé à l'idée de l'Orient-Express mais j'avoue que ce cadeau a ranimé l'envie.
Mercredi: Journée de télétravail. C'est toujours une journée de travail comme les autres mais c'est aussi une bonne demi-heure de sommeil en plus, une mise en route sans stress, un lunch rapide mais avec l'un ou l'autre enfant éventuellement, et un calme olympien pour travailler.
Jeudi: Concert classique avec Mamy B. Sublime. Même si je me suis endormie par à-coups pendant le premier morceau. Mais ensuite, j'ai profité pleinement de ce concert de gala de la Chapelle Musicale Reine Elisabeth, avec José Van Dam et Augustin Demay, sous la direction de Jean-Claude Casadessus. Quelques scrupules de laisser l'homme, malade, à la maison.
Vendredi: Soirée en famille chez mon filleul. J'ai été marraine très jeune, à presque 10 ans. Ce qui fait que lui, a déjà 40 ans, une femme et deux petites filles. Il est aussi le parrain de Maïté. Même si nous n'avons pas souvent l'occasion de nous voir, j'ai toujours un plaisir immense à partager un moment avec eux. Et leurs deux petites filles sont tout simplement adorables.
Samedi: Et encore une sortie, cette fois pour l'anniversaire de Patricia qui en profite pour pendre la crémaillère dans sa nouvelle maison. Mais si je veux poursuivre cette nouvelle décennie en pleine forme, il va falloir que je lève un peu le pied.
J'ai pu fêter mon anniversaire exactement comme je le voulais. Je ne suis pas tombée sur ma rate en voulant passer par un vasistas parce que j'avais oublié mes clés (20 ans). Je n'ai pas raté mon gâteau d'anniversaire, moi qui ne rate jamais ceux des autres, et pour cause je ne les ai pas faits (30 ans). Personne n'a décidé de monter au ciel le matin de mon anniversaire (40 ans). Je me demandais vraiment ce qui allait me tomber dessus le 9 janvier. Et bien, rien de fâcheux ne m'est arrivé ce jour-là.
Ma famille, mes amis les plus chers, mes collègues les plus proches, mes sorcières bien-aimées et même Swiss'Sis via Skype, tout le monde était là pour m'aider à passer le cap.
J'ai invité les musiciens que je voulais: Papy blues, un chanteur de rue de 73 ans absolument fantastique. Je regrette de ne pas en avoir plus profité. Il fallait absolument qu'il reparte à 21h30 pour ne pas rater son dernier train pour Ostende et bien sûr de 20h à 21h, j'ai passé plus de temps à dire "bonjour" et "merci".
Et puis Renaud Patigny, pianiste de ragtime et de boogie woogie génial, qui a fasciné mon fils. Mamy B. m'a demandé aujourd'hui "Qui était ce monsieur qui ressemblait à Renaud Patigny ?". Ben, himself, Mamy....
On a dansé, ri, Anaïs et les sorcières m'ont préparé l'une un montage video adorable, les autres un discours digne de sorcières.
Et j'ai été joliment gâtée.
Avoir 50 ans dans ces conditions, ce n'est franchement pas trop dur....
Demain, les gentilles petites rides de rien du tout vont se creuser.
Demain, Newton me fera la nique et me prouvera par l'absurde qu'il avait bien raison et que la pesanteur ne va jamais que dans un seul sens.
Demain, mon oeil qui voit de loin et celui qui voit de près vont finir par se disputer et je devrai faire appel au médiateur à lunettes.
Demain, le gris sera la couleur tendance.
Demain, j'aurai trop chaud dans un frigo et des frissons en plein soleil.
Demain, mon humeur si agréable deviendra exécrable (Comment "ça ne peut pas être pire !?").
Demain, on me vouvoiera au bureau et on m'appellera Madame (en fait, déjà maintenant).
Demain, je devrai m'asseoir après une série de rocks.
Demain, ma peau aura autant d'éclat qu'un miroir sans tain.
Demain, je n'aurai plus d'enfants au quotidien.
Demain, je regarderai mes mains et passerai des heures à tergiverser "taches brunes ou grains de beauté ?".
Demain, j'aurai un magazine spécialement conçu pour moi, spécial Seniors, "Notre Temps" ou "Senior Actu".
Demain, j'aurai 50 ans.
Demain, je revis une nouvelle lune de miel sans enfants (fingers crossed !)
Demain, l'éclat de mes yeux sera plus utile que jamais pour éclairer le tout.
Demain, je continue à lire le "Elle".
Demain, je pourrai faire ce geste que je trouve très élégant d'enlever ses lunettes, de les tenir négligemment entre deux doigts, poser mon menton dans ma main et regarder mon interlocuteur dans les yeux.
Demain, je m'habille de couleurs vives.
Demain, je ne me lève plus dans le bus.
Demain, je ferai des petites pauses entre chaque danse mais je danserai.
Demain, je saurai mieux profiter de chaque instant.
Demain, j'aurai plus de temps à offrir à d'autres.
Demain, je dirai à Sharon, Carole, Kim, Meg, Inès, Michelle, et autres Madonna que moi aussi, je le vaux bien.
J'ai retrouvé, dans le panier de fruits, la clé de l'armoire perdue depuis des semaines.
J'ai fait une orgie de légumes au lieu d'une débauche de sucre.
J'ai découvert un livre magique : L'art de la frugalité et de la volupté de Dominique Loreau.
J'ai lu dans mon lit, le matin avant de me lever, luxe suprême.
J'ai contemplé le sapin pour lui-même.
J'ai osé une permanente de.... "cils".
J'ai fait les soldes le 31 décembre.
J'ai dansé au Nouvel An avec un plaisir inattendu.
J'ai adoré la choucroute annuelle du premier de l'an chez Maman.
J'ai joué en dessous de la table avec Clara (à essayer de défaire les lacets des convives).
J'ai acheté deux bougies, une pour la salle de bains des filles et une pour moi. L'une s'appelle Souvenir d'Aimée et sent la poudre de riz et l'autre Baiser d'Aurore à l'eau de cologne ambrée.
Des petits riens qui ont fait de cette semaine un vrai délice.