Je n'arrive pas à vous raconter ce voyage. Je l'ai raconté à plusieurs reprises à mes proches et je me rends compte que rien ne rend vraiment compte de ce qu'on a vécu pendant trois semaines. Je parviens sans doute mieux à raconter mon agacement croissant vis-à-vis de nos partenaires de voyage. On savait avant de partir que ce ne serait pas facile, même si ce sont nos amis "de toujours", on savait qu'il était le lièvre de la fable et que l'Homme en était la tortue, on savait qu'on partait avec le lapin Duracell jamais fatigué, hyperactif, qui conduit tout en regardant la carte à droite et en prenant des photos clic-clac clic-clac (je recadrerai après) à gauche, alors que mon "Oeil-de-Nikon" met trois plombes à sortir ses longues jambes de la voiture pour cause de sac-photos coincé entre les genoux et autant de plombes à cadrer, zoomer, mettre au point pour faire une seule photo pensée, mûrie, impérativement non retouchable. Tout cela, je le savais, je m'étais préparée et pourtant j'ai encore eu beaucoup de difficultés à ne pas jouer le chien de berger entre les deux. Mais ce qu'on n'avait pas prévu, c'était le retour d'âge grumpy de ma copine. Trop chaud, trop froid, trop de bruit, trop de cailloux, trop de boue, trop faim, trop long, trop haut, .... Et pour nous aussi, trop de grognon c'était trop.
Ca oui, je suis arrivée à le raconter.
Mais la beauté de tout ce qu'on a vu, le sourire des Péruviens, la beauté de ces visages brûlés par le soleil et le froid, la musique si familière et pourtant si neuve, le quechua qui s'est insinué si insidieusement dans mes oreilles que je cherche à suivre des cours à Bruxelles, alors que franchement, ça ne va pas me servir (!), le Machu Picchu qui m'a laissée sans voix, les dunes immenses, la rencontre avec les lamas, les alpacas et les vigognes, la majesté des condors, l'Amazonie où, passé le premier choc, j'ai eu le sentiment de pouvoir passer ma vie dans cette forêt, finalement pas si hostile que cela, le long de ce fleuve jaune boueux, la balade au-dessus de la canopée, si éprouvante pour moi, tétanisée de vertige, mais tellement magique - j'aurais voulu baîllonner mes compagnons qui caquetaient comme des perroquets alors qu'on était là, au-dessus du poumon du monde - , le lever du soleil sur le lac Titicaca, les montagnes grandioses, l'étrangeté des sensations à 5000 mètres d'altitude quand l'oxygène vient à manquer, les découvertes au niveau des papilles, je n'arrive pas à le raconter.
Seules quelques photos peuvent vous donner envie....