Il a fêté ses 70 ans sur scène vendredi à Bruxelles. C'était beau et émouvant. Mais ce morceau-là était tout simplement magnifique.
Il a fêté ses 70 ans sur scène vendredi à Bruxelles. C'était beau et émouvant. Mais ce morceau-là était tout simplement magnifique.
Rédigé à 21:25 dans anniversaires, la vie des autres, Musique | Lien permanent | Commentaires (3) | TrackBack (0)
Lundi: Ma journée a vu défiler six heures dans un train poussif (3 heures aller, 3 heures retour) en compagnie d'un avocat imbu, volubile et atteint de logorrhée pompeuse. Entre les deux, un procès pour licenciement abusif où mon coeur était plutôt du côté de la partie adverse mais ma tête se devait d'être du côté de l'employeur. Epuisant. Cours de portugais pour terminer la journée. Mes journées sont loin d'être monotones.
Mardi: Retrouvailles avec J. et M. C'est toujours un plaisir de les retrouver. Et cette fois, la conversation a pris un tour inattendu. Après avoir fait le point sur nos vies respectives - le boulot, les enfants, les petits-enfants -, J., pur Catalan, a entrepris de nous convaincre de l'inéluctabilité de l'indépendance de la Catalogne. M., demi-Catalane, était plus mitigée, elle prône plutôt le renforcement de l'autonomie. Je ne vais pas résumer ici les arguments de l'un et de l'autre mais le débat était assez instructif et vraiment intéressant.
Mercredi: La journée a été longue. Après une après-midi de réunions intensives, un rapide saut chez les parents, avaler deux tartines préparées rien que pour moi, admirer le méga-giga-frigo qu'ils se sont offerts rien que pour eux deux, filer au badminton, rentrer déjà fatiguée mais prendre encore une à deux heures pour préparer la valise, tout mettre dans un petit sac, se rendre compte que tout est trop compressé, tout transvaser dans une valise, constater que c'est trop lourd, tout retransvaser dans un grand sac, peser le tout et s'affaler complètement moulue dans son lit. Les city trips c'est bien mais quelle course avant de partir.
Rédigé à 07:27 dans Ailleurs, bizness, Friends, la vie des autres | Lien permanent | Commentaires (4) | TrackBack (0)
Quand on fait face à la maladie, quand on perd un ami, quand on cherche un nouveau souffle après le départ des enfants, quand on se prend une claque aux examens, quand on ne trouve plus l'énergie pour continuer, quand on ressasse les infidélités de son mari, quand on se demande encore vingt ans après pourquoi elle s'est donné la mort, quand on subit le harcèlement de collègues sans oser le dire, quand on doit chercher sa voie après le diplôme, quand on doit partager la garde avec le père ou la mère de ses enfants alors qu'on n'a pas demandé le divorce, on ne voulait rien de tout ça, quand on doit affronter ses enfants muets ou hurlant de colère face à la séparation de leurs parents, quand on doit quitter le nid pour se lancer dans la vie active, quand on on se débat dans des relations professionnelles conflictuelles, quand on doit licencier des chargés de famille, quand on voit ses capacités fondre comme peau de chagrin à cause d'une dégénérescence, quand on doit vendre sa voiture parce qu'on a perdu son boulot, quand on doit gérer l'agressivité d'un proche, quand on n'aime pas son corps, quand son enfant n'est plus qu'un mur....
On a beau être entouré de parents aimants, d'enfants affectueux, d'amis bienveillants, de frères et soeurs attentifs, de partenaires délicats....
Au final, on est toujours seul. Seul.
Rédigé à 22:12 dans la vie des autres, nuages noirs | Lien permanent | Commentaires (9) | TrackBack (0)
C'est long, très long. Mais je voulais lui rendre hommage aujourd'hui. Et on l'écoute sans se fatiguer.
Rédigé à 16:12 dans la vie des autres | Lien permanent | Commentaires (5) | TrackBack (0)
Petite escapade à Rome le seul weekend de l'année où il pleut. Où il pleut même sérieusement. Pas tout le temps mais quand ce sont des cordes qui tombent, il est inutile de lever le nez en l'air. Alors pour compenser cette météo grincheuse, nous nous sommes réfugiés, sans aucunement nous forcer, à l'exposition sur Robert Doisneau.
Agencée non pas chronologiquement mais plutôt par thèmes (les baisers, les enfants, le monde de la mode, les Halles, etc...), l'exposition met magnifiquement en valeur les photos de ce poète de l'incongru.
Le Baiser de l'hôtel de ville est sans doute sa photo la plus connue. Mais ce n'est pas, de loin, ma préférée. Je me suis toujours demandée si ces deux amoureux s'étaient rendus compte qu'ils étaient photographiés. J'ai trouvé rapidement la réponse à ma question et bien plus encore. Je vous le partage ici:
Prise en 1950 à proximité de l'hôtel de ville de Paris,il s'agit d'une scène posée réalisée dans le cadre d'un travail de l'auteur pour le magazine Life avec la complicité des deux étudiants en théâtre, Françoise et son petit ami Jacques. Doisneau les avait rencontrés dans un café parisien et, les ayant vu s'embrasser, leur avait proposé une séance de prise de vue en pleine rue, moyennant une rétribution de 500 FF. L'idendité des deux protagoniste fut longtemps inconnue, y compris de l'auteur lui-même.
Cette photographie est devenue particulièrement célèbre avec la commercialisation, en 1986, de 410 000 exemplaires d'un tirage en format poster, un record mondial.
Ce cliché a été au cœur de nombreux contentieux, dont un procès retentissant du vivant de Robert Doisneau. En 1992, le couple Lavergne revendique être les amants de l’hôtel de ville, et réclament 500 000 FF au photographe pour violation de sa vie privée. Ce procès fait resurgir Françoise qui se fait connaître de Robert Doisneau et fournit, pour prouver qu'elle est bien l'un des protagonistes, un cliché original et numéroté que le photographe avait donné aux amants après la séance photo. Françoise fait, elle aussi, un procès et réclame 100 000 FF de rémunération complémentaire, ainsi qu'un pourcentage sur les bénéfices commerciaux. Depuis la prise du cliché, les amants se sont séparés. Jacques refuse quant à lui de se joindre à la démarche, refusant de "transformer cette histoire photographique en histoire de fric". Le 2 juin 1993, le Tribunal de grande Instance de Paris déboute en appel les trois demandeurs. Les époux Lavergne n'ont pas réussi - et pour cause - à prouver qu'il s'agissait bien d'eux sur le cliché. Quant à Françoise, Robert Doisneau lui même la reconnaît comme étant la protagoniste. Mais le tribunal considère qu'elle ne peut se prévaloir d'un droit à l'image n'étant, du fait de sa position, pas reconnaissable sur le cliché.
Françoise va, en revanche, mettre en vente son cliché original. Le 25 avril 2005, il est mis à prix à 10 000 € chez Artcurial à Paris ; il sera adjugé 150 000 € en présence de sa propriétaire.(source: Wikipedia: le baiser de l'hotel de ville)
Mais ma photo préférée n'est pas le Baiser de l'hôtel de ville. Moi j'ai craqué pour les 3 petits chaperons blancs.
Et puis celle-ci, qui ne faisait pas partie de l'expo mais que j'aime beaucoup. Le reconnaissez-vous ?
Rédigé à 23:23 dans Arte, Ici et ailleurs, la vie des autres | Lien permanent | Commentaires (4) | TrackBack (0)
On la trouvait sévère, revêche, colérique. Elle était surtout théâtrale, dramatique, tragédienne. L'école avait déniché je ne sais où cette passionnée des planches dans la ferme intention de relever le niveau des pièces de théâtre des Fancy Fair annuelles. Elle a fait de moi une "femme savante", une "précieuse ridicule" puis une marquise à perruque blonde au temps de la Révolution française, pauvre de moi. Contrairement à la majorité des étudiantes, j'ai vite revu mon jugement hâtif sur ce petit bout de femme extravagant. J'aimais ses emportements exubérants, sa diction idyllique, sa main élégamment levée.
A 18 ans, j'ai quitté l'école et je ne l'ai revue qu'à de très rares occasions. A 40 ans, j'ai emménagé dans l'immeuble que j'habite aujourd'hui et .... je l'ai retrouvée dans l'escalier. Elle se souvenait parfaitement de moi et nous a accueilli le plus joliment du monde. Elle nous a vanté les agréments de la vie en plein centre ville: "Vous verrez, c'est formidable de vivre dans le boum !". A près de 75 ans, je lui enviais son dynamisme et me sentais contaminée par son enthousiasme.
Pendant les dix années où sa voix de cristal et son caractère enjoué ont éclairé le hall d'entrée, nous lui avons décerné le Molière de la top voisine. La seule qui se fendait d'une lettre dithyrambique pour nous remercier des petits biscuits offerts chaque Noël, la seule qui s'extasiait exagérément et ne tarissait pas d'éloges chaque fois qu'elle nous rencontrait, nous qui avions bien sûr les enfants les plus beaux, les mieux éduqués, les plus charmants de toute la planète.
Elle a fait ses adieux à la scène de la vie d'un seul coup, baisser de rideau sans appel, sans rappel. Et tant mieux. Les lamentations n'étaient pas pour elle. On s'était embrassées deux jours avant. Elle m'avait demandé avec emphase: "Dansez-vous la valse ?" et comme je lui rétorquais qu'elle ne pensait pas si bien dire, elle m'a dit: "Cest bien. Continuez à danser, toujours".
Je suivrai vos recommandations, chère Mademoiselle Thilgès, je continuerai à vivre dans le "boum" et à valser, toujours.
Rédigé à 19:27 dans Arte, la vie des autres, Petites phrases et grands mots | Lien permanent | Commentaires (9) | TrackBack (0)
Crédit photo: http://jerohm.sio4.net/index.php/
A 17 ans, dans le cadre du cours de religion, l'école a cru bon de nous envoyer en retraite. Quand on a vu le programme qui prévoyait, entre autres, les repas en silence, on s'est toutes rebellées - "Non, mais ça va pas la tête ?" - mais comme on n'avait pas vraiment le choix, on y est toutes allées, en grommelant et ronchonnant sec.
Mais une fois là-bas, dans ce monastère du fin fond des Ardennes, j'ai vu les choses autrement et je suis tombée sous le charme de toute une communauté monastique et en particulier d'un moine d'une cinquantaine d'années, animateur de retraites pour jeunes.
J'ai tellement accroché que j'y suis retournée à plusieurs reprises pendant les retraites d'hiver. Ce type extraordinaire avait le don de secouer, réveiller, mobiliser des jeunes de 15 à 25 ans, désireux de vivre autre chose. Dès que j'ai connu l'Homme, je l'y ai emmené. Ce monastère est devenu notre havre de paix et nous y avons vécu des moments extraordinaires.
Nous y avons même passé une semaine de vacances à repeindre les couloirs et ce fut un moment particulièrement mémorable (l'Homme a réussi à faire tomber un pot de peinture de 15 litres du haut d'un échafaudage de 8 mètres de haut; le moine responsable du chantier est venu aider à éponger en chantant des psaumes pour masquer sa grogne, poussant ainsi le malaise de l'Homme à son comble). Nous y avons formé un groupe d'amis qui, ensuite, se sont retrouvés tous les mois avec un plaisir partagé jusqu'au jour où une discussion houleuse a fini en dispute colossale à laquelle un mien mari, particulièrement intolérant à la bêtise, n'était pas étranger. Nos chemins ont divergé mais certains liens sont restés forts, d'autres plus distendus mais toujours présents.
Ce frère Hugues a été le lien entre nous tous, il a co-célébré notre mariage, il a baptisé nos enfants et nous sommes restés proches de lui, même si c'était plutôt par écrit ces dernières années.
Nous l'avons enterré aujourd'hui et nous sommes retournés "là-bas". L'émotion était très forte pour tous et d'un seul coup, les liens distendus entre certains d'entre nous se sont resserrés. C'était son dernier cadeau.
Rédigé à 23:00 dans la vie des autres, nuages noirs | Lien permanent | Commentaires (6) | TrackBack (0)
La magie ne s'est pas arrêtée sur le quai de Santa Lucia. Nous avons passé deux jours dans une de nos villes préférées. Nous avons eu la chance de la visiter déjà plusieurs fois lorsque nous habitions l'Italie. Nous avons donc pu, sans complexes, quitter les sentiers trop battus, et nous échapper dans les ruelles abandonnées aux seuls Vénitiens. Et cette belle échappée a ravi le photographe fou qui se cache en l'Homme. Moi, j'ai moins l'âme d'une compagne de Tintin reporter (la preuve, celui-là n'a jamais trouvé de Castafiore à son pied) et le suivre - trois pas en avant, deux pas en arrière - est particulièrement épuisant. Lui avance au rythme de son zoom, moi, j'avance à l'allure du routard ou de n'importe quel autre guide de voyage plus original. J'ai besoin de savoir où regarder, lui sait où regarder; en bonne élève, je cherche à comprendre ce que je vois, compulse les explications, retient la petite histoire; lui, généralement sait tout ça - ou disons presque tout. Bonne fille, je le suis et j'essaye de me repérer sur le guide. Là, j'avais choisi de suivre les "Ballades de Corto Maltese" qui emmènent dans un Venise moins connu. J'ai essayé de prendre en route la ballade correspondant à l'endroit où nous mène Mr Nikon mais son zoom prend bien entendu la ballade à contresens. Comme j'ai pas mal de difficultés d'orientation, quand je dois traduire "tournez à droite" par "tournez à gauche" parce qu'on va à l'envers, rien ne va plus.
Mais Venise reste belle malgré la fatigue et la (légère) frustation.
Comme on a choisi un hôtel pas cher, j'avais dit qu'on remplacerait par un thé ou un apéro dans le bar d'un grand hôtel ou mieux au Harry's bar. On a fait une à une les recettes du livre de Harry Cipriani et je voulais goûter de mes propres papilles si on était vraiment loin du compte.
Quand on dit à un homme: "Ca te dirait d'aller boire un verre au Danieli ?", vous les femmes, vous traduisez "Ca me plairait d'aller boire un verre au Danieli !", non ? Et bien, un homme comme le mien, non, il comprend "Ca te dirait d''aller boire un verre au Danieli ?" et il répond "Non, pas vraiment." Dans un premier temps, on se dit: "Ok, pas maintenant, y'a justement le soleil qui se pointe, c'est le moment idéal pour les photos, ça donne une autre luminosité, etc...". Deuxième essai: "Ca te dirait d'aller boire un verre au Danieli ?" - "Non, pas vraiment." Troisième essai:..../.....
Bon, là, faut que je pleure. Facile, je suis crevée, j'ai mal aux pieds, mal à la hanche, j'ai froid, très froid. Je dois même pas jouer la comédie, ça coule tout seul. L'homme n'aime pas ça du tout, les larmes. Il marche silencieux, je le suis. "Où on va ?". "Ben, au Harry's bar puisque c'est CA que tu veux" soupire-t-il. Ah, c'est malin. Je vais arriver là avec des yeux de grenouille, ça va pas le faire.
Il a été séduit - comme toujours - et on a même réservé une table pour le soir. C'est pas donné mais c'est notre anniversaire de mariage aujourd'hui, que diable ! Seul hic, il faut patienter encore deux bonnes heures et pas question de retourner à l'hôtel, trop loin, on aurait juste le temps d'entrer et de sortir, même pas le temps de s'habiller, se maquiller et se recoiffer. Bon, qu'à cela ne tienne, je ferai avec les moyens du bord. Mais il va encore falloir marcher deux heures ??
Et le soir, j'ai eu le point d'orgue de mon cadeau d'anniversaire, petite crème catalane sur le gâteau, devinez qui dînait à la table voisine avec deux autres Espagnols et un Italien ? Un des trois ténors, José Carreras, él mismo. Je ne l'ai pas reconnu tout de suite mais son visage m'intriguait. Quand j'ai compris, je n'ai plus pu quitter ni son visage ni leurs conversations. Je sais, c'est très impoli mais je fais ça discrètement. Parce que je suis une pipolette invétérée. Je me fiche comme de l'an quarante de ce que raconte la presse pipole mais en voir un en vrai de près, ça m'a toujours transportée un peu plus près des étoiles.
Alors, oui, vraiment, ce cadeau d'anniversaire valait tous les bijoux de la planète.
Rédigé à 20:25 dans Ailleurs, anniversaires, Gastronomie, la vie des autres, Voyages | Lien permanent | Commentaires (13) | TrackBack (0)
Depuis toute petite, je me sens en milieu hospitalier comme chez moi. Non pas que j'ai fréquenté plus souvent qu'à mon tour en qualité de malade ces lieux généralement peu appréciés de monsieur et madame tout le monde mais pour moi, c'était le "bureau" de mon infirmière de Maman.
Je l'ai accompagnée quelques rares fois quand j'étais enfant et qu'on ne savait pas où me caser, un jour de journée pédagogique ou de vacances mais j'en ai peu de souvenirs. Plus tard, adolescente, je suis allée assez régulièrement la chercher ou la rejoindre.
J'aimais cette ambiance, joyeuse la plupart du temps. Une fois le service du matin passé, les infirmières se retrouvent pour un (deuxième) petit déjeuner. Et autour du café (d'hôpital, comme on l'appelle chez nous, traduisez du jus de chaussettes) et des tartines carrées coupées en triangles, elles se racontaient les derniers potins et les fous rires fusaient.
J'aimais l'odeur de l'hôpital, ce mélange d'éther, d'alcool et de désinfectant et de.... café.
J'aimais la chaleur des couloirs, le côté amidonné de la literie d'hôpital.
J'aimais la grosse pointeuse, juste à côté du réfectoire (on ne disait ni cantine ni cafeteria à l'époque mais réfectoire).
J'aimais le vestiaire des infirmières dans les sous-sols surchauffés, où souvent on rencontrait des petits chats venus se blottir dans la chaleur de l'endroit.
J'aimais par-dessus tout la salle de jeux de l'unité pédiatrique.
J'ai tellement aimé cet environnement qu'à 17 ans, ne sachant que faire comme études, je me suis laissée convaincre d'entamer des études d'infirmière. Je n'étais pourtant pas particulièrement branchée cours scientifiques et mes plantureux échecs en biochimie et en anatomie (encore aujourd'hui, je ne suis pas capable de tout localiser dans le corps humain) l'ont bien confirmé. Mais j'ai aimé les stages qui accompagnent ces études, malgré la fatigue physique que cela représentait. J'ai aimé les rencontres avec les patients et avec le recul, je me dis que ce que je fais maintenant n'est pas bien différent.
Alors quand Anaïs a été hospitalisée deux jours la semaine dernière (rien de grave), je me suis à nouveau retrouvée "chez moi". Et en patientant dans le couloir, à portée d'oreilles du bureau des infirmières, j'ai souri avec nostalgie et ressenti une certaine complicité avec ces femmes en blanc qui commentaient le rapport de relais du soir en s'interrompant toutes les dix minutes pour raconter la dernière de leur fille ou la bonne blague de l'anesthésiste de la veille, entre "la colono du 425, un très gentil monsieur, à jeun pour demain matin", "le canal carpien du 430, une dame difficile" et "les seins du Dr Tartempion, pas un caprice je t'assure, y'a d'quoi !".
Rédigé à 10:43 dans la vie des autres, Moi, je | Lien permanent | Commentaires (6) | TrackBack (0)
On s'interroge beaucoup ces derniers jours chez mes e-potes sur le "to blog or not to blog". Delphine a ouvert le feu, Célestine avive la flamme et nous nous sommes toutes à un moment ou à un autre posé la question.
Quand on décide de continuer, de faire régulièrement son petit tour du blog, de rendre quasi quotidiennement visite à ces amies virtuelles, la question suivante se pose: "to meet or not to meet ?".
Bien sûr, certains non initiés regardent tout ce petit monde virtuel d'un oeil sceptique, méfiant, suspicieux. "Ca veut dire quoi, des amis virtuels ? Vous n'avez pas assez d'amis dans la vraie vie ?" Ben si, j'en ai plein, so what ? "Ca ne me dit rien qui vaille ces échanges, vous parlez avec de stricts inconnus, qui vous dit que ce ne sont pas des escrocs ou des voyous déguisés en gentilles mères de famille en mal d'oreille compatissante à leurs petits malheurs quotidiens ?" Ah oui, et quelle est la différence en fait avec les "pen-friends", les "correspondants" comme on les appelait quand j'étais petite. Dans mon école de religieuses, ces échanges étaient d'ailleurs grandement encouragés, surtout dans les pays où ces religieuses avaient des missionnaires (!). J'ai toujours aimé ces échanges avec des inconnues à découvrir (comme les équations). Et si je n'ai pas gardé de relations avec la plupart de ces correspondants, j'ai toutefois gardé un contact pendant très longtemps - et encore maintenant mais de manière beaucoup plus sporadique - avec l'un d'entre eux, qui, 35 ans plus tard a toujours la plume bien pendue.
Alors quand Isa a découvert qu'en fait, nous travaillions toutes les deux pour la même organisation mais dans deux pays différents, que nous nous sommes proposé de prendre un café ensemble dès que l'une d'entre nous se trouvait dans la ville de l'autre, je n'ai pas hésité une seconde, l'idée m'a plu. Nous avons mis des mois à pouvoir fixer le rendez-vous mais nous y sommes arrivées. Elle savait à quoi je ressemblais, moi pas. Mais j'ai tout de suite su que c'était elle. Et comme elle, la première chose qui m'a frappée, c'est sa voix. On a tellement l'habitude de se lire, de commenter, d'échanger des emails, le tout révélant bien plus de nos personnalités profondes que les échanges verbaux, que l'élément vocal nous surprend assez violemment. Dans la vie réelle, on connaît la voix des autres avant d'en savoir plus sur leurs vies. Dans la vie virtuelle, c'est l'inverse.
Et nos voix n'ont cessé de résonner dans le petit café où nous avons attendu son train. Aucun blanc, pas le moindre silence n'est venu nous laisser le temps de digérer cette découverte. Nous avons parlé parlé comme si nous nous connaissions depuis toujours mais que nous ne nous étions plus vues depuis très longtemps.
Rédigé à 22:03 dans Friends, la vie des autres, Weblogs | Lien permanent | Commentaires (10) | TrackBack (0)